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Erdogan, Johnson : itinéraire de deux anti-héros médiatiques

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On ne va tout de même pas faire de deux tels personnages des héros.


il est difficile d'édulcorer la personnalité de Boris Johnson ou de Trump même si l'on doit reconnaître leur réussite dans l'art du pipeau


Reste qu'un journaliste doit rapporter les fa(...)

N'en était-il pas de même pour Trump et Clinton ?


Vu d'ici, Trump était un clown et Hillary allait être élue assez facilement ... mais pour avoir fait un "road trip" (comme on dit ) quelques semaines avant aux USA aux contacts des "vrais gens" de l'Ut(...)

Ce n'est pas du tout un "superbe oxymore". L'islamiste modéré est un homme politique qui place ses valeurs sociétales du côté du conservatisme religieux (d'inspiration musulmane) mais ne s'oppose pas aux insitutions actuelles (que ce soit une monarch(...)

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A Wuppertal, des pro-Erdogan ont défilé en brandissant des drapeaux turcs, et en hurlant "Allahua Akbar" et "Chaque Turc nait soldat". 

L'islamofascisme a un très bel avenir.

bah il me semble qu'elle avait fait son boulot du coup......  


Je serais curieux de savoir ce que le cuistot de l'Elysée pense du Brexit et du retrait des USA du Rojava.

On ne va tout de même pas faire de deux tels personnages des héros.


il est difficile d'édulcorer la personnalité de Boris Johnson ou de Trump même si l'on doit reconnaître leur réussite dans l'art du pipeau


Reste qu'un journaliste doit rapporter les faits comme par exemple rappeler que Boris Johnson brûlait avec ses copains des billets de 50 livres devant les yeux hagards de SDF pour s'amuser avec d'autres


et qu'il faut ne pas tomber dans le travers contraire, comme celui de cette journaliste américaine qui avait trouvé en Monsieur Hitler un charmant gentleman


Tout le monde n'avait pas la clairvoyance de cette autre journaliste Américaine Mrs. William B. Meloney

Au passage, Daniel, regardez la définition de "Anti-héro". C'est la seconde fois que vous utilisez mal ce mot. Votre titre aurait dû être: Erdogan, Johnson : itinéraire de deux épouvantails médiatiques



Penser contre soi-même, éviter de confondre souhaits et prévisions, n'est pas plus facile pour un correspondant à l'étranger, que pour n'importe quel journaliste, ou n'importe quel être humain.


Certes. Mais le travail du journaliste est-il de faire des prévisions ? Ou de caresser "le peuple" dans le sens du poil ? Le Brexit est une erreur. Boris Johnson un clown et un sacré menteur. Erdogan un sinistre populiste. Et s'ils se trouvent des gens pour voter pour eux (comme il se trouve des gens pour voter pour Balkany), ça n'enlève rien à leurs méfaits, à leur médiocrité, à leur corruption. 


Que voulez-vous que les journalistes politiques fassent ? Qu'ils soient, comme les journalistes sportifs, réduits au rôle de commentateurs futiles et de pronostiqueurs aléatoire ? Vous me direz, c'est déjà le cas. 


Pour ma part, je préfère des journalistes qui éclairent sur les tenants et les aboutissants des politiques menées, qu'ils donnent du contexte (historique, comparaison avec les autres pays) et une idée des conséquences des propositions politiques défendues par tel ou tel homme ou femme politique. Je préfère des journalistes qui enquêtent sur la personnalité des politiciens, sur leurs turpitudes (François, rends l'argent!) plutôt que des journalistes suiveurs de la popularité de tel ou tel populiste.




Il ne s'agit pas de ça, mais de ne pas être dupe de l'importance de ces clowns. Un aspect désagréable de la lecture régulière du Guardian, par exemple, c'est de se construire un sentiment de sécurité, une impression de sens commun partagé, une fausse évidence que la réalité bat souvent en brèche : l'évidence de la crapulerie et de la toxicité de ces néo-fascistes*. La désinformation (accidentelle) ne porte pas sur ces crapules, mais sur notre contexte culturel : nous (publics et journalistes progressifs) avons tendance à balayer d'une chiquenaude ces personnages qui nous semblent ridicules et déplacés, parce que nous ne les envisageons pas comme options politiques pensables, mais ce faisant nous nous occultons le fait qu'ils sont parfaitement en phase avec une masse critique de la population : celle que nous ne côtoyons ou ne lisons pas ou très peu, celle que nous évitons, celle que nous expulsons de notre horizon individu par individu, haussement d'épaule par haussement d'épaule. Et si nous en venons ainsi à lire un monde où les Trump et les Johnson seraient "impossibles", nous lisons tout simplement un monde qui n'est pas le monde réel. Un journaliste doit nous informer sur la réalité. Il doit maintenir à notre conscience que nous sommes toujours dans un monde qui appartient aux Johnson, aux Trump, aux Erdogan, aux Le Pen, aux Mussolini, aux Hitler. Toujours dans un monde constitué de leurs admirateurs, et pas constitué de vous, de moi, des commentateurs du Guardian.


Résultat actuel, les monstres "impensables (à notre époque)" nous prennent par surprise. Nous basculent sur une toute autre planète que celle que nous pensions habiter, celle du "plus jamais ça" (plus jamais quoi?). Des journalistes qui laissent le monde se révéler contraire à celui qu'ils nous laissaient nous imaginer n'accomplissent pas leur fonction d'information et d'éclairage. Dans un sens, nous apprenons plus du Figaro et de Fox News, parce qu'ils représentent en soi (en tant que "doigt qui montre la lune", pas en tant que "lune" ou ce qu'ils montrent comme telle) une réalité dont nous avons rarement la mesure : un autre sens commun partagé, et peut-être bien plus partagé que les évidences progressistes. La façon de penser de ce qui est souvent une majorité d'électeurs. Les valeurs et visions du monde qui circulent réellement, avec leurs propres tenants et aboutissants.


De là, de ce magma mental collectif, émergent ces pantins nocifs qui savent le canaliser. Il faut surveiller sans sous-estimer ces turbines à mal, et surtout le flux d'idées, jamais périmées, qui les fait tourner. Ce sont les idées les moins intéressantes du monde, les plus vides, les plus usées, les plus puantes, les plus barbantes, celles dont on se détourne pour s'intéresser plutôt à l'intelligence, à la finesse et aux progrès de la compréhension des enjeux moraux du vivre ensemble. Mais ce sont aussi les idées dont le grondement ne doit pas être oublié ou minimisé. Il faut parler des baudruches avant qu'elles ne surgissent autour de nous, il faut flairer le mauvais air qui les gonfle. Le ridicule est trop dangereusement désarmant. Historiquement, tous les dictateurs sont grotesques sans être inoffensifs pour autant. Il y a toujours une surprise dans la ré-association du grotesque et du dangereux. Le tort des journalistes progressifs est de se désintéresser du grotesque, et donc de nous taire (et se taire à eux-mêmes) leur dangerosité. Jusqu'à ce qu'elle s'impose, avec un "mais d'où sort-elle !?" qui trahit cet aveuglement.


        


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* Des historiens peuvent se crisper à cette appellation, mais ce sont bien les valeurs du fascisme (homogénéïté, ethnicisme, culte de la force, culte de l'action, anti-intellectualisme, nostalgie d'âges d'or impériaux, conservatisme social, darwinisme social, etc) que je vois incarnés et glorifiés dans les discours des Trump ou des Johnson et de leurs électeurs. 

Merci, Danke, Thank you, a dank

C'est toujours sympa aussi de se voir soit-meme comme "progressiste".

Sauf que c'est pas toujours le cas. Je suis certain que LREM se voit comme progressiste, malgre les eborgnes de Castaner.

De la meme maniere, ici au UK, la maniere des sois-disant "progressistes" du Guardian ou du Lib Dem de caguer a longueur de journee sur les Brexiters est totalement insupportable.

C'est la meme maniere qu'avaient pas mal de gens en France de vomir les Gillets Jaunes.

Emmanuel Todd parle tres bien du renfermement des classes eduquees (et qui se percoivent progressistes et bien elevees) sur elles-memes. Jusqu'au reve, pour certains, de retirer le droit de vote a ceux qu'ils percoivent comme trop stupides ou trop "non-progressistes" pour voter correctement. Et c'est en fait pas nouveau. En France, ca a ete comme ca pendant tout le XIXieme siecle.

Je ne suis pas d'accord sur le côté "surprenant" de ces résultats électoraux. La seule fois où j'ai été surpris du résultat (comme beaucoup de monde) du score obtenu par un gros con d'extrême droite, c'était en 2002 et cela tenait sans doute plus à ma jeunesse qu'à un manque de lucidité politique.


Cela fait maintenant un bon moment que l'électorat se tourne de plus en plus vers l'extrêlme-droite et se détourne de la gauche. Et je pense qu'une partie du problème est que les média diffusent largement la parole d'extrême droite et relativement peu une parole de gauche (la vraie gauche, pas Hollande/Valls). On peut bien sûr aller faire des reportages ou des enquêtes pour comprendre pourquoi les gens votent fachos, mais je pense que le rôle du journaliste n'est pas celui du sociologue ou de l'ethnologue. 


D'où ma question: quel genre de journalisme politique veut Daniel Scheidermann ?


Reduire certains choix a la connerie supposee des personnes concernees est aussi une enorme limitation du point de vue, mais qui a l'avantage d'eviter de remettre en question certaines position "confortables" de la part du commentateur.

Quand une Clinton attaque une election presidentielle en disant globalement que tout va bien et que les Americains n'ont pas de raison de se plaindre alors qu'une part importante de l'electorat populaire blanc voit son ESPERANCE DE VIE diminuer, on comprend qu'elle est assez mal partie. Et le gens qui vont refuser de voter pour elle ne sont pas forcement des gros cons.

Une part de plus en plus importante de la population mondiale cherche la sortie de secours de l'ultra-liberalisme. Ils ont globalement peu d'espoir, mais ils cherchent. Et les chemins qu'ils parcourent a la recherche de la sortie peuvent effectivement apparaitre "cons" a ceux qui volent a tres haute altitude.

C'est vous qui parlez de connerie, et qui inventez ou interprétez les motivations des électeurs selon vos propres pré-supposés idéologiques.



qu'une part importante de l'electorat populaire blanc voit son ESPERANCE DE VIE diminuer,


Parce que l'électorat populaire noir ou hispanique ne voit pas son espérance de vie diminuer ? Curieux, cette distinction que vous faites...

NB: je n'ai pas dit que les électeurs de Le Pen ou de Trump sont cons.

Ce n'est pas ce que je dis. Je decris la maniere dont une bonne partie de mon entourage et des commentateurs qui se disent "progressistent" reagissent face aux resultats electoraux qui leur deplaisent. L'exemple du Guardian est criant, mais c'est vraiment une generalite tres large (et en fait une partie importante du sujet de l'article de DS). Et vous avez oublie les Brexiters dans la liste.

"Parce que l'électorat populaire noir ou hispanique ne voit pas son espérance de vie diminuer ? Curieux, cette distinction que vous faites... "

Parceque je ne suis pas sur de cette statistique donc, je m'abstient d'en parler. Il me semblait vaguement que l'esperence de vie de ces minoritees s'etait legerement amelioree (ils partent de beaucoup plus bas), mais j'ai peut etre tord. Et aussi je ne suis pas sur que ca ait joue un role aussi important dans la defaite de Clinton.

Dans les références aux "débiles", (ou autres gentillesses de ce genre), vous oubliez les tombereaux déversés sur les tenants du "non" en 2005.

"On peut bien sûr aller faire des reportages ou des enquêtes pour comprendre pourquoi les gens votent fachos, mais je pense que le rôle du journaliste n'est pas celui du sociologue ou de l'ethnologue."

Mmmmmm..... ce serait pas mal d'ajouter un peu de sociologie et d'ethnologie dans le journalisme.  Ca pourrait ajouter un peu de fond non ? Et de l'histoire aussi....

Le Brexit, une erreur ? Mais pour qui au juste, et au nom de quoi ? C'est assez délicat de répondre sans un nombre incalculables de présupposés...


Mais sur le fond (la dangerosité des bouffons), je trouve votre propos très juste. Néanmoins, vous semblez dire en somme que l'obscurantisme progresse (ou n'a jamais disparu) et vous expliquez ainsi l'émergence de ces nouveaux "monstres".

Je pense au contraire, que c'est moins cela que l'effondrement du camp des modérés, de leur système aseptisé, uniquement profitable à une minorité de plus en plus étroite, qui fabrique ces monstres, les met en selle. C'est l’abstention et l’écœurement, la recherche désespérée d'une voie de secours, bien plus que l'adhésion qui nous mènent dans le mur !

Désolé, ignorez mon premier paragraphe, ce n'était pas vous qui parliez "d'erreur" pour le Brexit...   ;-)

Merci pour ce bau texte, IT.

"Le Brexit est une erreur"

Ah bon ?

Oui. Une erreur monumentale qui aggrave les problèmes de la GB et ceux de l'UE.

Ah. Si vous le dites.

J'ai un autre souvenir de l'apparition d'Erdogan sur le scène internationale. Il me semble que c'est pour lui (corrigez-moi si je me trompe) que fut inventé ce superbe oxymore : "islamiste modéré".

N'en était-il pas de même pour Trump et Clinton ?


Vu d'ici, Trump était un clown et Hillary allait être élue assez facilement ... mais pour avoir fait un "road trip" (comme on dit ) quelques semaines avant aux USA aux contacts des "vrais gens" de l'Utah ou du Colorado; ce qui ressortait en premier c'est l'indifférence vis à vis de l'élection qui approchait et les quelques personnes qui en parlaient s'apprêtaient toutes à vote contre Clinton ( plus que pour Trump )


Une première impression est toujours la bonne, surtout quand elle est mauvaise ...

Il faudrait retrouver les articles de presse publiés lors de l'élection de Boris Johnson à la mairie de Londres. À mon souvenir (ça date d'une petite dizaine d'années déjà), la presse que je lisais à l'époque (Le Monde, Marianne) lui était tout-à-fait bienveillante. Ils le présentaient comme un gentil clown pas bien méchant, amenant même de la fraîcheur à la politique anglaise, après 10 ans de blairisme. À vérifier tout de même

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