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Calais : Le Monde critique le voyeurisme des télés

Comment filmer les migrants de la "jungle" de Calais, dont le démantèlement a commencé depuis lundi ? C'est la question que posent quatre journalistes du Monde présents sur place qui racontent comment ils ont vécu cette grande opération médiatique où, l'espace de quelques heures, des centaines de journalistes et des milliers de migrants se sont retrouvés face à face. Qu'ont filmé les caméras des autres médias, pointés du doigt ? @si a jeté un oeil.

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J'avoue que ce questionnement me sidère un peu.
Les images sont saisissantes d'un camp qui est dispersé dans le calme, sans problèmes spectaculaires. Quoiqu'on en dise, c'est arrivé, et les journalistes étaient là pour saisir ces instants importants.
Et je trouve par ailleurs que ces images replacent les choses dans un contexte humain :
La Jungle, comme son nom l'indique, avait des allures de bois remplis de sauvageons, et dont les habitants constituaient une masse indifférenciée de "personnes" qui pouvaient être considérées comme des sauvageons ou des membres d'une armée.
Nous sommes tous informés sur les origines de ces migrants, pourquoi, comment ils sont là, ce qu'ils ont subi, ce qu'ils craignent et ce qu'ils croient (entre autres, que leur vie sera plus facile au Royaume Uni).
Nous savons aussi pourquoi une proportion écrasante d'hommes jeunes, qui peuvent être perçus comme constituant une sorte d'invasion silencieuse, plus que des familles ou des femmes avec des enfants. Et s'il y a une telle proportion, c'est arithmétiquement qu'à chaque fois, une proportion de femmes disparaît : les vieillards, les enfants en bas âge et les femmes sont restés sur place parce que le périple était difficile à envisager pour eux, donc s'ils le pouvaient, ils sont restés. Ensuite, pour les Syriens, ils ont préféré rester pourrir dans les camps du Liban et de la Turquie, même si les conditions y sont devenues intenables faute d'argent donné par l'ONU ou le Commissariat aux réfugiés, parce que les pays riches hésitaient à les financer.
Pour ceux qui étaient obligés de prendre le chemin de l'exode, ils ont péri sur ce chemin. En Méditerranée ou ailleurs sur la route, les plus vulnérables, vieillards, femmes, enfants ont le plus morflé.
Enfin ces personnes vulnérables ont été accueillies dans d'autres pays, Allemagne, Scandinavie, Italie....
Résultat, les personnes qui désirent passer Calais sont les moins vulnérables et les moins fatigués, donc principalement des hommes jeunes.
Les filmer dans des conditions normales, des individus comme vous et moi dans des cars, calmes et connectés à leurs proches, cela leur redonne de l'humanité, et nous permet plus facilement de s'identifier à leur douleur, leurs chagrins, leurs espoirs, et parfois leur fatalisme. Ce n'estt plus un groupe indistinct et potentiellement dangereux, c'est un ensemble d'être humains qui ont tous droit à leur dignité.
Il valait mieux 800 journalistes à filmer et à témoigner que rien du tout.

Après, le voyeurisme, c'est autre chose. Si on traite les personnes dignement, qu'on leur donne ou non la parole, vus les problèmes de langue, qu'importe.
La plupart des Français ne savent de la crise migratoire que les images qu'on leur assène à longueur de temps : la guerre en Syrie, la Jungle de Calais, des réfugies passant les frontières en rangs serrés, chassés par le malheur, les bateaux remplis de migrants sauvés in extremis.... Des images de violence et de misère qui symboliquement se rapprochent de nous et menacent de nous engloutir de façon irréparable. Le chemin de Damas de ces réfugiés court de mondes explosés jusqu'à nos campagnes vertes et nos champs bien alignés, l'Europe de toujours. La réaction émotionnelle de rejet est forcément très forte.
Par la suite, on a des explications plus profondes ou pas. On est manipulés par des politiciens cyniques qui sont persuadés que la peur de l'autre leur donnera une image de protecteur et de chef, alors qu'en fait, ces attitudes irresponsables engendrent des catastrophes. On se braque et on s'énerve, on met tous les problèmes sur le dos des étrangers.

Les migrants sont là, c'est un fait. Il faut gérer la situation, et elle est gérable de façon calme et bienveillante, même s'il ne faut pas se voiler la face.... Il y a et il y aura forcément des problèmes, nombreux, et même certains qu'on ne résoudra pas.

Et les images sont déterminantes.... Il en faut. Le voyeurisme, c'est juste un curseur. La réalité est un scandale. Pas les images qui les montrent.
Les journalistes ont été instrumentalisés par le gouvernement sur cette opération. Ils filment bêtement là où on leur dit de filmer et ils repartent.
Cet article passe gravement à côté des enjeux contenus dans le papier du Monde, qui vont bien au delà du "voyeurisme".
Le terme "voyeurisme" n'apparait pas dans le corps de l'article du Monde, mais seulement dans l'un des tweets publiés par un des journalistes.

Reprendre le terme "voyeurisme" consiste à prendre le problème du point de vue des media et des télespectateurs, et non pas de celui des migrants. Il désigne l'attirance à observer la nudité ou l'intimité d'un groupe de personnes dans des conditions particulières.

D'une part on ne voit pas trop ce que vient faire l'irruption d'une forme de perversion dans cette concentration évènementielle de journalistes, et d'autre part c'est vraiment regarder le problème par le petit bout de la lorgnette.

Le papier du Monde prend exactement le point de vue opposé: encore aurait-il fallu le lire sérieusement et ne pas projeter ses propres problématiques sur le sujet. Il y est question de "dignité", "d'irruption dans l'intimité", de "violation de vie privée", mais aussi des raisons pour lesquelles les migrants ne veulent pas être filmés et reconnus (dans leur pays, ou redoutant que cela les desserve dans leurs démarches futures):

Ce sont des cabanes et des tentes de fortune, certes. Mais pour les migrants, ce sont leurs maisons, leurs chez-eux. Partout ailleurs en France, ce serait une violation de la vie privée. Pourquoi pas là ? Parce que ces gens sont démunis, vulnérables, que leurs droits administratifs sont précaires ? Qu’ils n’oseront pas se plaindre ? Pourquoi n’auraient-ils pas droit, eux aussi, qu’on respecte leur propriété, leur dignité, leur intimité, leur droit à l’image ? Leurs droits fondamentaux d’êtres humains ?

Rien de près ou de loin qui parle de supposé "voyeurisme".

Bref le cas de conscience des journalistes du Monde n'est pas de savoir si ils se livrent ou non à une vaste entreprise de "voyeurisme" en bande organisée - ce qui n'a ni sens ni intérêt - mais comment prendre en compte la dignité des gens tout en faisant leur métier. Ils expliquent que la véritable "jungle" dans l'affaire, c'est celle de la meute de journalistes en compétition féroce sous la férule de leur employeur capitaliste prêts aux pires comportements indignes pour choper leur info, leur son ou leur image.

Si des journaleux débarquent à l'improviste dans la cuisine ou dans la chambre de Robin, ou de n'importe qui d'autre à @si, il ne se demandera pas si ce sont ou non des "voyeurs", mais qu'est-ce qu'ils viennent l'emmerder chez lui, et les foutra dehors.

Ici à l'inverse, et contrairement aux journalistes du Monde, @asi reste du côté des "intrus" - nous les journalistes qui se regardent le nombril et se demandent s'ils ne seraient pas d'immondes pervers - au lieu simplement de se mettre à la place des agressés.

Bref ça serait bien de se décentrer un peu si l'on prétend faire une critique des media un tant soit peu sérieuse.
Totalement d'accord, c'est bien à une entreprise de déshumanisation que se livrent les journalistes. Ils vont à calais comme ils vont au zoo, sans aucune considération pour la sensibilité des êtres humainsnsous le feu de leurs projecteurs...

La douleur et la pudeur de ces hommes et femmes qui ont tout risqué pour venir en France est jetée en pâture aux téléspectateurs.

Ça n'est pas voyeur, c'est totalement indécent.
Pourquoi les baches sont elles derangeantes ?
Les conditions sanitaires dans la jungle etait donc bonne (on m'aurait menti) ? Il y avait douche 'chaude', lave-linge, desinfectants ?

Par contre j'avoue avoir ete surpris par l'absence totale de femme... elles vont dans des bus a part ?
Je suis plus choqué par la présence des bâches sur les sièges que par tout les rapaces qui tournent autour de ces pauvres gens.
Ben euh…
J’espère que, si un jour par malheur je me trouve réfugiée, je pourrais dormir pendant le trajet dans le car qui me déplacera
sans qu’on ne vienne faire du bruit avec un reportage inutile qui n’a pas besoin d’immersion, un commentaire off suffit.

Et qu’il n’y aura pas de bâches sur les sièges pour les protéger de ma saleté.

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