Twitter, ses cultes, et ses divinités
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chronique

Twitter, ses cultes, et ses divinités

On ne fait pas que s'indigner, se lacérer, appeler à l'insurrection, et se cancel-culturer, sur Twitter. On communie, parfois, dans le culte de Divinités collaboratives improbables. Les années calendaires, par exemple, Divinités espérées bienfaisantes, objet d'un culte qui va crescendo aux environs du 15 décembre - "Vivement 2021, qu'on soit débarrassés de cette sale année 2020, qu'elle ne soit plus qu'un mauvais souvenir. Allez, casse-toi, 2020, on t'a trop vue, on te regrettera pas, du balai, sors par la petite porte"- espérance généralement déçue, dès les premiers jours de janvier : "Ah nooon, pas Bacri, pas Jean-Pierre Bacriii ! Franchement, 2021, tu commences mal, même pas trois semaines et voilà. Quand je pense à tous les espoirs qu'on avait mis en toi. On  peut changer d'avis, on peut demander un remboursement, te ramener en magasin, on peut passer directement à 2022 ? " 

Douleur brute, que l'on partage pour se compter, se découvrant pour une fois unanimes -"Sur Twitter tout le monde aime bien Jean-Pierre Bacri"- soif de partage, de connivence, de bienveillance consensuelle paradoxale autour de l'amour du Grand Bougon qui nous ressemblait tant. Besoin de trêve, dans la perpétuelle guerre de tranchées qu'est devenu ce réseau social tellement hystérisant que, paraît-il, les journalistes commencent à le déserter. Réconfort de se découvrir si nombreux à pleurer le Grand Bougon et toutes ses répliques cultes, tiens, et toi, laquelle tu préfères ? Revoyons-les ensemble, elles sont ici, -"on avait dit mollo sur le destroy", "on ne sent pas le cul quand on connaît pas"- prenons dix minutes de trêve.

C'est avec des inconnus, avec la multitude, que l'on souhaite partager, pas seulement son chagrin, qui ne serait pas assez mobilisateur, mais un refus primaire, viscéral, enfantin, de l'inéluctable. Qui sait : si on fait assez de bruit tous ensemble, si on tape des pieds assez fort, manière "on veut du rab de frites", peut-être va-t-Elle nous écouter,  cette garce de  nouvelle année 2021, peut-être le vaccin va-t-il terrasser le COVID et ses variants, le gouvernement rechercher l'intérêt général et pas seulement celui des super-riches, la corruption être éradiquée, le réchauffement climatique freiné, peut-être va-t-on enfin voir advenir le bout du nez du Monde d'Après, celui qu'on invoque depuis un an, peut-être allons-nous y arriver, à forger tous ensemble une année sans morts aimés !


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