Darmanin, même pas peur !
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Darmanin, même pas peur !

Il faut le voir virevolter,  Darmanin, avec sa nitroglycérine. Même pas peur ! Et que je t'envoie la police en "visite domiciliaire" (on ne dit plus "perquisition administrative") chez des particuliers et des associations . Les visités n'ont "pas forcément de lien" avec l'assassinat de Conflans, mais "nous voulons faire passer un message"Et que je te fais fuiter dans Le Point qu'on va virer le directeur de l'Observatoire de la laïcité, Nicolas Cadène, pour le remplacer par "un vrai laïque", un vrai de vrai, à la Valls. Et que je t'annonce une dissolution des associations étiquetées islamistes, au premier rang desquelles le CCIF.

Gérald Darmanin pourrait se contenter de faire son métier de ministre, de superviser sans faille et sans faiblesse l'enquête de police, de rechercher qui a participé à la campagne de harcèlement contre Samuel Paty, qui a relayé, liké, re-tweeté. Mais ça ne suffit manifestement pas. Pas forcément de lien ? Qu'importe. On tape dans la fourmilière. A l'aveugle. Au hasard. "Il faut que la peur change de camp" a ordonné Macron. On tape dans "les suspects habituels", comme le préfet dans Casablanca.

L'ensemble avec la complicité de médias emballés dans le tourbillon, comme le montre l'exemple relaté ici-même par Loris Guémart, de cette dépêche AFP, accusant le CCIF, sur la foi de confidences d'une "source proche du gouvernement", de mener une démarche "politique, religieuse, radicale, de haine contre la France", source selon laquelle, "le passage à l’acte" de l'assassin de l'enseignant "s’inscrit dans ce sillon-là". Dépêche recopiée telle quelle sur de multiples sites de presse, dont seule une minorité a repris la version rectifiée de la dépêche, douze heures plus tard. La journaliste de l'AFP s'est excusée auprès du CCIF, ce qui est heureux. Mais le mal est fait.

C'est fou, la vitesse à laquelle une horreur succède à l'autre. Se superpose à l'autre. On n'en a pas fini avec l'horreur de l'assassinat de Samuel Paty, on a encore en tête les images mentales de l'horreur, que les gesticulations de Darmanin saisissent d'effroi, à leur tour. Darmanin, certes, fait de la politique. Il "fait passer des messages". Pas seulement aux présumés proches de la mouvance islamiste, mais à l'opinion sidérée par l'assassinat. Comme son modèle Sarkozy qui, en dépit des craintes initiales que faisaient naître ses rodomontades lors de son élection en 2007, n'a pas fait sombrer le pays dans le fascisme. Les mots tuent. Les mots des harceleurs islamistes sur les réseaux sociaux, mais aussi les mots des ministres, et des journalistes.



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