A propos, vous connaissez Catherine Griset ?
Le matinaute
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A propos, vous connaissez Catherine Griset ?

C'est comme une impression, depuis quelques semaines. L'impression que l'affaire des assistants parlementaires de Marine Le Pen

n'est, aux yeux de la petite classe médiatique, qu'un demi-scandale, une affaire en pointillés, méritant moins la Une que l'affaire Penelope Fillon. C'est une impression, et c'est davantage qu'une impression. Prenons une période réduite-la matinée d'hier- où se trouvaient en concurrence deux informations sur ces deux affaires d'emplois fictifs : un rapport du Parquet National Financier indiquant que les éléments déjà recueillis dans l'affaire Fillon permettaient d'exclure un classement sans suite ; et celle d'un rapport de l'OLAF (Office Européen de Lutte contre la Fraude), révélé par Marianne et Mediapart, indiquant que Marine Le Pen avait rédigé un faux contrat pour un de ses assistants parlementaires. Eh bien la première a écrasé, pulvérisé, la seconde (voir ici le détail). C'est comme si l'affaire Le Pen n'existait pas.

Non pas, attention, que la tonalité de la petite classe soit hostile à Fillon. L'information est plutôt vue de son côté à lui. On insiste sur "l'épée de Damoclès" suspendue au-dessus de sa tête. BFMTV invente un "usage" qui interdirait aux enquêtes concernant des politiques de se poursuivre pendant les périodes électorales, pour mieux insinuer que les barbares du Parquet National Financier ne respectent aucune règle. Et le formidable Jean-Pierre Pernaut va jusqu'à contre-interpréter le communiqué du PNF : "pas de poursuites contre François Fillon, mais..." Quant au rapport de l'OLAF, rien. Pas un mot. D'ailleurs, tiens, vous connaissez bien, maintenant, Penelope Fillon. Mais connaissez-vous Catherine Griset ? C'est une des deux assistantes parlementaires de Le Pen, mises en cause.

La différence de traitement ne tient pas au statut des deux candidats. Tous deux figurent dans le petit carré des favoris. Tous deux peuvent être élus président de la République en mai. Tient-elle au montant des sommes versées ? Non plus - avec 7237 euros net mensuels, l'assistant-garde du corps à trois quarts temps Thierry Légier peut rivaliser avec Penelope Fillon. Quant au montant total des sommes en cause (le fameux "million" pour Fillon, environ le tiers pour Le Pen), il n'explique pas non plus une telle différence de traitement.

Sachant que la petite classe est, de manière générale, plutôt européiste, et donc guère favorable à Le Pen, pourquoi ce déséquilibre ? Il y aurait toutes sortes de raisons possibles. Le Pen a prévenu dès le début que même mise en examen, elle ne se retirerait pas. Aucun suspense politique, donc, de ce côté. D'ailleurs, il n'y a -vraiment !- aucun plan B au FN. Le feuilleton des assistants parlementaires FN traine depuis de longs mois, et n'a donc pas constitué une surprise fracassante, comme les révélations du Canard sur la famille Fillon. Le Pen, elle, n'a pas favorisé sa famille -sauf que si : une des deux assistantes parlementaires concernées, Catherine Griset, est son ex-belle soeur. Griset travaillait vraiment -même si elle travaillait à Paris, et pas au Parlement. Etc etc.

Aucune de ces raisons n'est vraiment satisfaisante. Reste donc une hypothèse : la petite classe s'est vraiment, sincèrement convaincue, que Le Pen est la seule alternative aux "tous pourris". Et cette représentation est tellement ancrée que rien ne peut la déloger. Quelles qu'en soient les raisons, ce déséquilibre contribue à maintenir Marine Le Pen dans ce fameux statut d'alternative.

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