Joxe, Erner, et le politicien Hollande
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Joxe, Erner, et le politicien Hollande

Pour évoquer le centenaire de François Mitterrand, France Culture a invité son ancien ministre de l'Intérieur, Pierre Joxe.

On invite toujours Joxe à ses risques et périls. Le "dernier des socialistes" (que nous avions reçu ici) est une source inépuisable de férocités jubilatoires ("Macron, un président jupiterien ? Mais non, ce serait un président hermétique, au sens de Hermès, Dieu des marchands, des banquiers et des voleurs"), mais il est rebelle. Attention à ne pas se laisser désarçonner. Pour attendrir la viande, Erner le titille d'abord sur le passé vichyste du grand homme, son amitié avec le collabo Bousquet. Joxe : "tout le monde savait ça" Erner : "non". Joxe : "mais vous n'étiez pas né !" On passe à Hollande, dont Erner a retrouvé une citation concernant Mitterrand dans le Davet-Lhomme. En matière d'intronisation et de symboles, selon Hollande, "Mitterrand a tué le match". C'est bien simple : Joxe ne comprend même pas le sens des mots. De toutes façons, "si vous comptez sur moi pour commenter les propos de ce politicien..."

- Pour vous c'est un politicien ?

- Et pour vous ?"

Un blanc à l'antenne. Que peut donc répondre Guillaume Erner à un Détenteur de la Vraie Croix qui vient de cracher sur le président en exercice ? S'il bénéficiait de dix secondes pour reprendre ses esprits, il pourrait par exemple rappeler que ce mépris n'a historiquement aucun sens. Dans les années 60, les gaullistes historiques, alors eux-mêmes Détenteurs collectifs de la Vraie Croix, parlaient de Mitterrand comme d'un minable politicien. Ils moquaient sa trajectoire courbe, comparée au parcours rectiligne de leur grand homme à eux. On est toujours le politicien d'un autre.

"Et pour vous ?" Malheureux Erner. Chaque matin, il présente la matinale de François Hollande. Non pas que France Culture soit une station particulièrement hollandienne. Mais c'est une radio d'Etat : elle se place, comme tous les medias d'Etat, du côté de l'Etat, et donc d'abord de son chef. C'est leur héros principal, parfois en gloire, parfois à terre. Il guerroie, triomphe ou se tire dans le pied, mais il reste le héros. S'il se tire dans le pied, mille spécialistes sont aussitôt convoqués pour décrypter le savant calcul. Sur l'information du matin, par exemple (les très bons chiffres mensuels du chômage) la question du journal de France Culture n'est pas de savoir pourquoi exactement le nombre de chômeurs a diminué, mais si François Hollande va pouvoir en tirer parti politiquement, s'il n'est pas trop tard, etc. Toute l'actualité mondiale est vue à travers le personnage principal. Mais que faire, quand ce personnage est rabaissé au nom d'un devancier, à la légitimité désormais bétonnée par le centenaire ? Malheureux Erner.

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