Mitterrand démasque l'assassin du futur
est "le résultat de l'action française au Mali". Autrement dit, le résultat de la sévère râclée infligée à AQMI par nos vaillantes troupes. Ainsi "les terroristes" ont été obligés de "se disperser en petites cellules". Et de frapper où ils peuvent, les pauvres. Où nos redoutables troupes veulent bien leur laisser un peu de place. Par exemple, sur une plage privée, spot de week-end des expats d'Abidjan. C'est un expert militaire français qui l'explique ce matin sur France Info. Il fallait y penser. On attend avec impatience que Hollande félicite les forces françaises pour ce grand succès. Continuons ainsi. De réussite en réussite, on voguera avec allégresse vers l'écroulement final.
Langue de bois ordinaire. On n'y fait plus attention, mais on est chaque matin submergés. Langue de bois qui volète en fins copeaux, qui aveugle, qui engourdit la réflexion, comme disait l'autre semaine Caroline de Haas, sur notre plateau. Il faudrait traverser le nuage sans ouvrir la bouche, de peur que ça se dépose dans la bouche, sur le palais. Merkel, qui vient de subir une autre râclée -électorale- a-t-elle eu raison d'ouvrir les frontières allemandes aux migrants syriens ? demande Léa Salamé à Frédéric Mitterrand, sur France Inter. "Ce que je sais, c'est qu'on a eu tort de ne pas être plus proches d'elle". Valls a-t-il eu tort d'attaquer Merkel en Allemagne ? "Je ne suis pas là pour distribuer des bons ou des mauvais points". Valls n'est pas le mauvais gars, disons, mais il s'est laissé emporter. Il faudrait commencer à catégoriser la langue de bois. Par exemple, distinguer celle qui dit n'importe quoi, de celle qui ne dit rien.
Mitterrand, ce matin, n'est pas là pour causer politique. Il est là pour causer langue. Langue française, que c'est son jour aujourd'hui. Et qui se perd, c'est y pas dommage. D'ailleurs une dame lui a écrit, il a amené la lettre. La forme interrogative, elle est passée où ? Et le futur ? Hein, le futur ? Qui a tué le futur ? Mitterrand démasque le coupable. L'assassin du futur, c'est le gars qui dit : "je t'appelle quand j'arrive". Alors qu'il faudrait dire (le saviez-vous ?) "je t'appellerai quand j'arriverai". C'est vrai. Plaçons d'urgence en résidence surveillée, sous contrôle judiciaire, le gars du "je t'appelle quand j'arrive", et la France ira mieux. Mitterrand, vous vous souvenez ? Le ministre de Sarkozy, le gars du "Qu'est-ce que je m'aperçois", et du "si y en a que ça les démange d'augmenter les impôts" (florilège dans cette émission de 2009, qu'est-ce qu'on était jeunes et beaux !) Qu'est-ce qui la tue, la langue française ? Les ellisions, ou bien qu'elle a plus rien à causer ? Pardon. Qu'elle n'a plus rien à dire. C'est vrai que ça change tout.
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