Espionnage : de l'art de l'enquête de terrain
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Espionnage : de l'art de l'enquête de terrain

N'écoutant que son courage, Europe 1 a envoyé une journaliste au coeur de l'action.

Sur le terrain, au plus près de l'événement. La liaison a été établie, elle raconte, dans le journal de 8 heures : "je suis en plein milieu de la place de la Concorde". Et elle voit. Que voit-elle ? "Le dernier étage de l'ambassade américaine". Ce fameux dernier étage, recouvert d'une bâche sur laquelle sont peintes de fausses fenêtres, afin de décourager toute prise de photos extérieure. Ce fameux dernier étage, où sont empilés les trucs, les bidules, enfin les dispositifs sophistiqués et ultra-secrets, qui permettent à Big Brother d'espionner les innocents présidents de la République française, qui se succèdent ingénument à quelques centaines de mètres. Une bâche ! Des fausses fenêtres ! Si on avait pu se douter ! Merci Wikileaks. "Prenez une photo !" intime immédiatement le matinalier Thomas Sotto à la reporter de terrain. La photo sera postée "sur Internet". Le citoyen français sera informé. Plus personne ne pourra prétendre ne pas savoir (signalons aimablement à Thomas Sotto que la photo a déjà été prise par un autre éminent enquêteur de terrain. Elle est là, c'est cadeau).

Donc, Wikileaks, Libé et Mediapart ont joint leurs forces, pour révéler l'inimaginable : Chirac, Sarkozy et Hollande ont été écoutés par la NSA. Invité de Léa Salamé sur France Inter, Fabrice Arfi, de Mediapart, en est "tombé de l'armoire". Invité par RMC, Edwy Plenel, de Mediapart, soupire : "un monde où tout le monde écoute tout le monde est un monde sauvage". Le député Les Républicains Pierre Lellouche est "de moins en moins ami des Américains". Un autre élu sarkozyste somme Hollande de renvoyer l'ambassadeur américain.

Au coeur d'une telle explosion d'indignation citoyenne, c'est à peine si l'on ose rappeler que l'eau mouille, pardon, que les espions espionnent, puisqu'ils sont payés pour cela, depuis la plus haute antiquité, y compris entre "alliés". On devine bien, tapis dans les rédactions, quelques objecteurs de cynisme, qui laissent passer l'orage (lequel passera vite). Pour tout bémol, ils ne peuvent que souligner la pauvreté de la moisson d'informations rassemblée par Big brother : Sarkozy était mégalo, Chirac méprisait Douste-Blazy, et Hollande a été déçu par son premier sommet avec Merkel. Seule information véritablement inédite : cette promesse de Sarkozy à Patrick Ricard de plaider devant Obama la cause du Havana Club, rhum franco-cubain produit par une joint venture Pernod-Ricard-Fidel Castro, dans la sombre bataille rhumologique qui l'oppose à la maison Bacardi. Lutte homérique, dans laquelle on apprend que le Havana Club est le "seul rhum produit dans le respect de la tradition et du savoir-faire des maîtres rhumiers cubains". Ferme résolution du matinaute : se faire sa propre opinion sur l'affaire par un fact checking digne de ce nom.

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