Ouf, le Maroc est Charlie !
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Ouf, le Maroc est Charlie !

Avec le Maroc, tout est pardonné. On est réconciliés.

Pour sceller la réconciliation, le ministre des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, accorde une grande interview au Monde, sur une pleine page. L'interview est titrée "Le Maroc exige le respect, la considération". Et pour que les choses soient claires, Le Monde a sorti, en intertitre, cette citation choc : "il ne faut pas considérer sa liberté comme la seule vérité. La France n'est pas la conscience du monde". Entre amis, on peut se dire les choses franchement.

Car on était fâchés. Depuis un an, le Maroc avait cessé toute collaboration avec la France, dans le domaine antiterroriste. On ne l'a pas su tout de suite. On ne l'a su qu'à l'automne dernier, grâce au mystérieux twittos Chris Coleman, le même qui a dévoilé des échanges de mails démontrant que plusieurs journalistes français étaient instrumentalisés, parfois moyennant finances, par le Maroc. Notre copieux dossier sur le sujet est ici.

Pourquoi était-on fâchés ? Pour plusieurs raisons. D'abord, parce que des policiers français avaient osé se présenter à la porte de la résidence de l'ambassadeur du Maroc, pour remettre une convocation au chef des services secrets marocains, Abdellatif Hammouchi, de passage à Paris. Ils ne l'ont évidemment pas remise, mais le Roi s'est néanmoins fâché tout rouge. Hammouchi ne relève que du Roi, et ne répond qu'au Roi. Quelques jours plus tard, vexation supplémentaire, le ministre Mezouar lui-même a dû subir une fouille à Roissy (en enlevant veste, chaussures, chaussettes et ceinture), en dépit de son passeport diplomatique. Et pour couronner le tout, l'ambassadeur de France à l'ONU, Gérard Araud, à propos du soutien du Maroc par la France sur le Sahara occidental, aurait traité le royaume de "maitresse dont on n'est pas particulièrement amoureux, mais qu'on doit défendre".

Même si les Marocains étaient absents de la grande marche parisienne, officiellement pour ne pas se trouver confrontés à des caricactures déplaisantes portées par quelques manifestants, "l'esprit du 11 janvier" a réconcilié les vieux amis. On ne sait pas exactement quels sont les termes de la réconciliation, le communiqué signé par Christiane Taubira et son homologue marocain étant un modèle de langue de bois, mais on devine que des policiers français ne sont pas près d'embêter à nouveau le concierge de l'ambassade, ni le ministre de devoir enlever ses chaussettes, ni l'ambassadeur de France à l'ONU d'accorder à nouveau des interviews.

A propos, que venaient-ils faire, ces policiers français, à la porte de l'ambassade ? Le Monde le rappelle dans un encadré elliptique de quelques lignes. Ils souhaitaient interroger le chef des services secrets Hammouchi, à propos d'une plainte, déposée par une ONG, l'ACAT (Action des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture). Motif de la plainte : des accusations de tortures (électrocution, passage à tabac, privation de sommeil), pratiquées par la police sur plusieurs Marocains, notamment un ancien champion de kickboxing, qui avait parlé trop insolemment à un secrétaire du Roi, et un militant sahraoui, de nationalité marocaine. L'interview du Monde ne dit pas non plus ce que vont désormais devenir ces plaintes (d'autant que le Maroc, en représailles, vient d'assigner l'ACAT en diffamation devant la justice marocaine). Mais on ne va pas s'embêter avec des détails. Le principal, c'est que le Maroc soit désormais Charlie, comme tout le monde.

Zakaria Moumni, champion du monde de light contact (discipline dérivée du kick boxing)

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