Et voici papa Juncker
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chronique

Et voici papa Juncker

A quoi ça ressemble, un système de défense qui bascule ?

A cette stupéfiante interview de Jean-Claude Juncker au Monde, que le journal a choisi de titrer sur cet aveu : "le Luxembourg n'avait pas le choix, il fallait diversifier notre économie". Finies les dénégations hautaines devant Pujadas. Finies les tentatives sournoises sur le mode "tout le monde a fait pareil que nous". Acculé comme un malfrat en fin d'interrogatoire, Juncker avoue. Et dégaine, pour attendrir le jury, un storytelling bien peu dans la manière des eurocrates : la sidérurgie s'étant effondrée, nous n'avons pas eu d'autre choix, au Luxembourg, que de nous tourner vers la finance. "Mon père était un ouvrier sidérurgique, j’ai grandi à l’ombre des hauts-fourneaux (...) Quand j’ai été nommé ministre délégué au ministère du travail (...) ma première décision à ce poste a été d’envoyer mon père en préretraite".

Que l'on se trouve à un moment de grand basculement de l'UE, ce n'est pas seulement l'apparition de papa Juncker qui en donne un indice éclatant, mais aussi le plan, le fameux plan du fiston. Ce plan, vendu par des communicants en panique sur le chiffre illusoire de 315 milliards, ce plan dont nous racontions hier comment il est construit sur du vent, ce plan avorton, présenté précipitamment pour amadouer les députés européens, n'est pas seulement un plan d'investissements et de relance. C'est la dernière chance de cette jeune commission, et peut-être même de l'UE, sous sa forme actuelle. 

Que Juncker, justement parce qu'il traine le boulet des "tax rulings" luxembourgeois, soit peut-être le moins mal placé pour le mettre en oeuvre, comme nous le suggérions, n'est peut-être pas une hypothèse totalement absurde. S'il a été soutenu, au-delà de la droite européenne, par les sociaux-démocrates, rappelle encore Le Monde, c'est justement sous condition qu'il présente un plan de relance, un vrai, seule solution pour éviter, dans plusieurs grands pays européens, les raz de marée lepénistes, grillinistes, ou ukipistes qui menacent. Oui, comme je le rappelais sur notre plateau de la semaine dernière, les grands gouvernements européens le tiennent. Ils le tiennent par ses turpitudes passées, et qu'il vient de commencer de confesser. Cette pression lui donnera-t-elle la force de convaincre l'Allemagne d'y injecter davantage de vrais euros, et pas seulement d'euros virtuels ? En attendant, au coeur de la tempête, la politique européenne n'a jamais été aussi transparente, et aussi passionnante.

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