Pour un Libéland d'insurrection
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chronique

Pour un Libéland d'insurrection

A Libé, journal aussi emblématique de la crise de la presse nationale, que de l'encalaminage idéologique de la gauche

, le débat entre la rédaction et l'actionnaire s'est engagé de la pire manière possible (lire notre reportage sur l'AG dominicale). Par son arrogance et sa bêtise, l'actionnaire, le désormais célèbre M. Ledoux, promoteur immobilier, est parvenu en quelques heures à saboter une bonne idée. Disons, une idée inspirée par de bonnes intuitions. Quant à la réponse épidermique et immédiate de la rédaction, exprimée dans la Une désormais collector du journal de samedi -"Nous sommes un journal, pas un restaurant, pas un réseau social", etc- elle est aussi réjouissante et courageuse que...tragiquement fausse.

Le projet Ledoux de "Libéland" repose sur quelques bonnes intuitions, qu'on a manifestement soufflées au promoteur, pour qu'il les recrache aussi mal. Accorder sa confiance à un journal, c'est l'accorder à un groupe humain, un groupe humain identifiable, visible, de plain-pied, et que l'on peut prendre à partie. Entre autres effets, la subjectivité des réseaux sociaux a contaminé tout autre mode d'information. A Libé comme au Monde, à France Inter ou ailleurs, je "followe" avant tout certains journalistes, que j'ai appris à la longue à connaître. Je vais lire en priorité leurs articles, et ceux qu'ils me recommandent. Ai-je pour autant besoin, déambulant dans les coursives, de les visualiser, penchés sur leur ordinateur, ou choisissant leur expresso à la machine à café ? Ai-je besoin de regarder "The voice" par dessus l'épaule des Garriberts, pour me sentir en phase avec leur regard sur l'émission ? Et est-ce le travail des journalistes ? Défenseur du projet Ledoux, Jean Quatremer sera-t-il heureux de consacrer un jour par semaine à faire visiter aux groupes scolaires la salle de presse du Parlement européen, en live-twittant la visite ? Est-ce son coeur de métier ? Peut-être. Peut-être pas. Tout est à inventer, et il faut inventer. Mais le projet Ledoux, qui ne consacre pas un mot au coeur du système, l'information, et consiste si j'ai bien compris à expulser le journaliste du siège du journal pour y faire entrer le badaud, montre qu'il n'a rien compris à sa propre idée.

Mais un journal, ce n'est pas seulement un groupe humain, c'est aussi une histoire. Avec la Une de samedi, chers camarades de Libé, vous en avez écrit le premier chapitre, vibrant, enthousiaste, prometteur : l'insurrection spontanée contre l'actionnaire, hello Sartre, coucou nous revoilà. La suite n'attend que vous, et elle ne peut avoir qu'un nom : la réinvention d'une presse autogérée. Ouvrez Libéland, oui, mais ouvrez-le vous-mêmes. Un Libéland d'insurrection, avec attractions d'insurrection : entartage symbolique de Demorand, jeu de massacre sur Ledoux et Rothschild (avec marionnettes designées par Starck, pourquoi pas, si ça peut faire le buzz), AG permanentes de soutien aux ouvriers en lutte, et souscription à la sortie. Ca se tente, non ?

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