Commémoration 14, premières questions
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chronique

Commémoration 14, premières questions

Bienvenue dans la tranchée. Bienvenue dans la boue, bienvenue chez les rats

, bienvenue dans le parfum délicat des cadavres décomposés, où nous allons patauger pendant quatre ans. Ou plutôt cinq. Car elle s'y prend à l'avance, la commémoration de la Grande Guerre : un an avant le centenaire de la mobilisation proprement dite, et même quelques jours avant l'anniversaire de l'armistice du 11 novembre 1918. Bref, Hollande a ouvert les festivités à l'Elysée à une date qui ne correspond strictement à rien, mais mieux vaut commémorer trop tôt que trop tard. Le pouvoir n'aura pas trop de temps pour perfectionner le carrousel des acrobaties sémantiques commémoratives : comment, par exemple, associer dans un même hommage les combattants partis jusqu'au bout au casse-pipe, et les mutins de 17, ou les fusillés pour l'exemple ? On peut faire confiance à Hollande pour quelques trouvailles à la Leonarda, du type "réhabiliter les mutins, mais eux seuls".

Préparons-nous à subir, et digérer, le choc de plein fouet entre la France d'aujourd'hui, cette interminable insurrection à blanc qui ne vient jamais, et la photo de la levée en masse dans l'enthousiasme, la fleur au fusil. Ce choc comptait déjà parmi les notables éléments de langage du pouvoir, au petit matin, alors que l'ennemi héréditaire Standard and Poor's venait de dégrader la France : union nationale derrière le gouvernement et les réformes ! réclamait le général Moscovici sur France Info. Mort aux traîtres !

Ces images de levée en masse dans l'enthousiasme, en août 14, que nous gardons tous dans un recoin de la mémoire, faut-il d'ailleurs les croire ? Bien sûr que non. L'appareil de propagande républicain tournait déjà à plein, plus grossier et tout aussi efficace qu'aujourd'hui, plaçant savamment ses caméras devant de factices flambées d'enthousiasme. Le bourrage de crânes ne cesserait pas pendant quatre ans, entrainant d'ailleurs un effet collatéral positif et inattendu : la création du Canard enchaîné. Reste que l'inévitable parallèle pose des questions plus actuelles que jamais. Comment obtient-on d'un peuple le consentement au sacrifice ? Comment fait-on taire les voix discordantes ? Sous quel tumulte les étouffe-t-on ? A propos d'hier et d'aujourd'hui, on a quatre ans pour y réfléchir.

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