Grèce : les attristés
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Grèce : les attristés

Voyez-vous, depuis hier, comme les masques tombent ?

Un gouvernement européen, sous pression de la Troïka, envoie sa police fermer les émetteurs de la télé publique. Et que dit, que fait l'Europe ? Elle prend acte. Elle détourne les yeux. Elle regarde ailleurs. Elle prend bien soin de préciser qu'elle n'y est pour rien, strictement pour rien. Commençons par le plus attendu : "ce n'est pas l'affaire du gouvernement allemand, mais celle du gouvernement grec" répond le porte-parole de la chancelière Merkel. Et comme en écho, un commissaire européen, le Finlandais Ollie Rhen, interpellé par Cohn-Bendit au Parlement européen, répond :"Ce n'est pas une décision de la commission. "Il s'agit d'une décision autonome". Avant de préciser, comme un demi-aveu : "Cette décision a été prise dans le contexte des efforts importants pour moderniser l'économie grecque".

En France, on n'en est pas à cette monstrueuse indifférence. On s'attriste. On déplore. Les petits coeurs saignent. Pour Aurélie Filippetti, cette fermeture est "un symbole tragique", voire "une tragédie". Pour Najat Vallaud Belkacem, "une décision triste, évidemment". Pas un mot de Ayrault, pas un mot de Hollande, pour rappeler que l'on ne ferme pas une station de télévision, et pour sommer la Troïka de sommer le gouvernement grec de déchirer son décret.

Il est vrai que l'opinion est travaillée avec constance par les amoureux habituels de l'Union Européenne au premier rang desquels, comme d'habitude, notre excellent confrère Jean Quatremer, correspondant à vie de Libération à Bruxelles, qui titre sa dernière note de blog "L'ERT était l'organisme le plus corrompu et le plus dysfonctionnel de la Grèce". Une note débordant de citations de journaux, d'éditorialistes, d'historiens grecs, mais qui ne sont malheureusement jamais situés. Deux exemples. Quatremer cite "l'éditorialiste Yannis Pretenderis", que la fermeture de la télé publique fait "beaucoup rire" : "la démocratie y survivra". Où donc notre rieur est-il éditorialiste ? Au journal To Vima. Qu'est-ce que To Vima ? Un quotidien proche de la Troïka : il avait notamment bénéficié d'une fuite d'un document de la Troïka, prétendant que la Grèce avait embauché 70 000 fonctionnaires, fuite largement reprise par Le Figaro et autres attristés d'aujourd'hui. Plus loin dans sa note, Quatremer cite le quotidien Kathimerini : «Le premier ministre a lancé un message fort à l’intérieur et à l’extérieur du pays, montrant sa détermination à promouvoir les réformes indépendamment des réactions de l’opposition et quel qu’en soit le coût politique». A qui appartient le journal Kathimerini ? A l'armateur Alafouzos, qui possède également la chaîne privée Skai, laquelle chaîne n'aura sans doute pas à se plaindre de la disparition de la télé publique. Ainsi, ne perdant jamais de vue les vilénies de ces dysfonctionnels de Grecs, la France peut-elle continuer à s'attrister tranquillement.

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