Vapotage et conflit d'intérêt : grave, docteur ?
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Vapotage et conflit d'intérêt : grave, docteur ?

La cigarette électronique ? Pas nette, la cigarette électronique

, ce gadget de substitution à la nicotine, importé de Chine, qui s'est répandu ces dernières années, à la vitesse d'un nuage de fumée au galop. Evidemment, on ne sait pas vraiment. On n'a pas de certitudes. Mais dans le doute, il vaudrait mieux interdire sa consommation (dite aussi "vapotage") dans les lieux publics. C'est la substance d'un rapport vapotophobe qui devrait être remis à la ministre de la Santé aujourd'hui.

On glisserait vite sur l'information, mais voilà : sur France Inter, on capte au vol le nom de l'auteur du rapport, Bertrand Dautzenberg, l'un des pneumologues français les plus en vue, et président de l'Office français de prévention du tabagisme. Et ce nom dit quelque chose aux cerveaux embrumés des matinautes. Voici quelques années, Dautzenberg était rédacteur en chef d'une revue, dont le principal annonceur était une marque de pastilles de sevrage tabagique, produite par le laboratoire Pfizer. Autrement dit, cette revue, destinée aux professionnels, informait en toute indépendance sur Pfizer, avec l'argent de Pfizer. Cette noble activité para-journalistique fournissait au professeur des revenus de complément. Négligeables, assurait-il. Mais revenus tout de même. Le lien de cette revue, aujourd'hui, ne répond plus. Mais très récemment encore, Dautzenberg s'est énervé au micro de France Inter, alors que le journaliste Eric Valmir, qui le recevait dans une émission, lui demandait de déclarer ses liens d'intérêt, comme l'y oblige la célèbre loi Kouchner de 2002, la loi la plus inappliquée de toute l'histoire de la République.

Il est probable que Bertrand Dautzenberg sera aujourd'hui copieusement interrogé sur la nocivité, réelle ou supposée, de la cigarette électronique. Il est peu probable que la ministre de la Santé le chatouille sur ses liens avec les labos (d'autant que le vapotage, remarquent les mauvais esprits, prive aussi l'Etat de recettes fiscales liées à la consommation du tabac véritable). Il est tout aussi peu probable qu'un de ses intervieweurs se risque à lui redemander l'état actuel de ses liens avec les labos qui fabriquent des produits concurrents à cette cigarette. Le plus désolant dans l'épisode, c'est qu'il est tout à fait possible que le vapotage présente, en effet, des risques. Mais la France ne dispose pas d'une information médicale propre à l'établir de manière fiable. Et il est à craindre que le mal soit incurable.

(Schéma explicatif La Croix)

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