"dévoiler son patrimoine" devant Pujadas. La France entière attend donc l'étalage de la collection de voitures de course et l'inventaire de l'écurie de pur-sang. On est quelque part entre la communication et la danse des sept voiles.

"Bonsoir François Fillon, Votre parole pèse, vous êtres ancien Premier ministre, et vous avez décidé ce soir de donner l'exemple en publiant votre déclaration de patrimoine. Nous vous écoutons". Mais si Fillon s'est résigné à danser, il ne livrera pas sa vertu sans y mettre les formes. "La France est dans une situation très grave (...) Crise de régime (...) Pas seulement à cause de l'affaire Cahuzac (...) Cela dit, une sorte de doute qui pèse sur l'ensemble des politiques (...") Pujadas, jugeant que les préliminaires ont assez duré: "et c''est pour ça que vous avez choisi..." "C'est pour ça, même si je n'aime pas ce voyeurisme, que je la publierai..." Pujadas, sentant confusément que l'affaire pourrait lui échapper: "Vous avez dit, je veux la révéler ce soir..." "Non J'ai dit que je la tenais à votre disposition." La Francentière est prête à hurler à l'arnaque, mais ouf: "Je suis propriétaire d'une maison dans la Sarthe, achetée 440 000 euros il y a 20 ans, j'ai moins de 100 000 euros d'épargne, et je suis propriétaire de deux voitures de plus de 10 ans". Pujadas, soulagé, prolongeant le plaisir: "La valeur de votre maison, pour aller jusqu'au bout ?" "650 000 euros environ. C'est mon seul patrimoine". Pujadas, taquin: "Pas de voitures de course ?" "Hélas quand j'en conduis ce sont des voitures qu'on me prête".

Sous l'érotisme, la basse politique: si Fillon s'est jeté à l'eau solennellement, il ne faut pas s'y tromper: c'est avant tout une manière de souligner implicitement que Copé, lui, n'a rien dévoilé, et ne se dévoilera que les pieds sur le grill. Copé, visé en creux par plusieurs des mesures de "moralisation" actuellement agitées, et notamment l'interdiction de cumuler mandat de député et activité d'avocat d'affaires. Copé qui, aux petites heures de la matinée de mardi, a fait donner chez Elkabbach son lieutenant Christian Jacob, pour s'affirmer prêt, tout prêt à la transparence, à condition que tout le monde y passe: hauts fonctionnaires, magistrats, journalistes (ne pas oublier les journalistes) et pourquoi pas, tous les Français. Toutes les suggestions plus créatives les unes que les autres, que vous allez entendre dans l'emballement de ces prochaines heures, sont à analyser dans ce sens: quel copain visent-elles, au sein du même parti ? Et puis, on passera à autre chose.

--