Le jour de la Saint-Salopard
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Le jour de la Saint-Salopard

Mélenchon, J+2: comme prévu, Medialand célèbre la Saint-Salopard.

Les salopards font la Une de Libé. Et fournissent la première question de Patrick Cohen, à peine Mélenchon a-t-il posé un pied dans le studio de France Inter: "à quoi sert l'invective ?" S'ensuit un interminable échange en forme de sparadrap du capitaine Haddock. Les adorateurs inconditionnels de l'idole diront que cette polarisation autour du secondaire confirme bien le biais médiatique dénoncé par Mélenchon (pour que vous m'écoutiez, je dois gueuler). Ceux qui jugent au contraire la stratégie de parler "cru et dru" (car c'est bien une stratégie, comme l'expliquait par exemple hier Stéphane Alliès, de Mediapart) totalement contre-productive, en seront confortés. On ne va pas refaire le débat qui nous occupait hier, ici-même. Tentons de décoller le scotch.

Car au fond, on n'attend maintenant qu'une chose: que Mélenchon nous dise ce qu'il pense du plan d'aide à Chypre. Le second, pas le premier. Cet objet inédit que l'on tourne et retourne dans tous les sens, et dans lequel on ne parvient pas à trouver le vice de fabrication, puisque pour une fois, il ne s'en prend pas seulement aux contribuables ou aux assurés sociaux, mais s'en prend aussi aux plus gros déposants des banques, ceux que la presse a pris l'habitude d'appeler, parce que ça sonne bien, "les oligarques russes". Si l'on regarde de plus près, sans doute cette entité "'oligarques russes" apparaitra-t-elle disparate, plus complexe que vue de loin, mais toujours est-il que les dépôts russes représentent une part importante (20% ? 30%? 40%?) du total des dépôts dans les banques chypriotes. Et ce sont donc ces dépôts-là que le second plan, s'il est appliqué, va ratiboiser. Donc, qu'en pense Jean-Luc Mélenchon ? Est-il aussi sévère à l'égard de ce second plan qu'il l'est à l'égard du premier, qui taxait tous les déposants, même les petits ?

Ceci: si on le comprend bien, Mélenchon semble tracer une équivalence entre ces "oligarques russes" à Chypre, et "le Grec qui ne paie pas ses impôts" en Grèce. Autrement dit, dans les deux cas, cet argument serait un commode alibi, un épouvantail opportun, brandi par la Troïka, pour saigner un peuple du Sud. L'argument était esquissé à la tribune du congrès du Parti de Gauche de Bordeaux, ce week-end. Il le répète sur France Inter. Mais tout de même, objectent les chroniqueurs de la radio, ces oligarques existent ! Cette réalité existe ! Réponse de Mélenchon: et à Londres, il n'y a pas d'oligarques russes ? Et le Luxembourg, vous vous êtes souciés du Luxembourg ? Excellentes objections. Et Mélenchon, poussant son avantage face à Bernard Guetta: "et c'est ce traité de Lisbonne, que vous avez soutenu, qui interdit l'harmonisation fiscale entre les pays de l'Union, et autorise la pérennité de cette situation". Osannah ! Voici enfin le "débat de fond"', tant attendu. Enfin on va remonter aux causes, dépasser l'écume des choses. On est juste sur le point de comprendre. Mais voyez comme le monde est mal fait: il est l'heure de rendre l'antenne. Au moins, on aura traité à fond l'affaire des salopards.

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