Et puis le papa parla
Le matinaute
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chronique

Et puis le papa parla

BFM avait adopté un papa.

Et tous les médias avec elle. On ne savait pas très bien comment l'appeller. Un père retranché ? Un papa perché ? Comment appelle-t-on un papa qui est monté en haut d'une grue pour demander à voir son enfant ? Tout le week-end, les journalistes de permanence balançaient. Ce n'est pas tous les jours qu'il faut inventer un mot, un titre, le jingle du week-end. D'autant qu'on passait tout le week-end, avec ce papa perché, en haut de sa grue, dont on ne voyait que la silhouette, et la banderole: "Benoit, 2 ans sans son papa". Même le Premier ministre s'en mêlait, qui ordonnait à ses ministres de recevoir sans délai les amis du papa perché. C'est tellement triste, un papa perché. Il fallait qu'il soit bien malheureux, ce papa, pour passer son week-end sur une grue avec BFM, faute de le passer avec Benoit.


Arriva le lundi. Le papa allait descendre de sa grue. BFM n'en pouvait plus d'attendre de le voir de près, le papa. Elle parlait d'autre chose, du déficit, de la viande de cheval, mais gardait un oeil sur ce papa perché, dans sa grue en bas à droite de l'écran, en attendant l'événement considérable de le voir descendre, marche après marche.

Le papa toucha terre. Et puis, le papa parla. Et il dit des mots étonnants. Il dit que les papas pourraient bien s'énerver. Pas lui-même, n'est-ce pas, parce que "je suis un gentil papa". Mais les autres. Il y avait donc, quelque part, des papas énervés ? Et il dit des mots plus étonnants encore: "les femmes qui nous gouvernent se foutent de la gueule des papas". Aucun des reporters qui l'entouraient ne sembla entendre. On se pinça. Ce n'étaient pas les mots du gentil papa privé de son enfant, avec qui on avait passé le week-end. Le papa d'en bas ne ressemblait pas du tout au papa d'en haut. Avait-on bien entendu ? Il continuait: "Ces bonnes femmes croient toujours qu'on peut pas changer une couche d'un gamin..." On avait bien entendu. Mais pas BFM, qui aimait toujours le papa qu'elle avait adopté.

Bizarrement ce papa ne semblait pas aimer beaucoup les mamans en général. Et non seulement les mamans, mais les femmes en général. Y compris les femmes ministres. Mais alors, si ce papa n'aimait pas les femmes qui voulaient changer seules les couches des enfants, et s'il n'aimait pas non plus les femmes ministres (qui sont très occupées, et donc certainement très heureuses de laisser les papas changer les couches des enfants), quelles femmes aimait-il ? On repensait à un article publié par Le Monde dans l'après-midi, et qui disait des choses pas très gentilles, sur les amis canadiens de ce papa-là. On se demandait s'il n'y avait pas un loup, derrière ce papa là.

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