D'un naufrage l'autre
Le matinaute
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chronique

D'un naufrage l'autre

Il tombe à pic, si j'ose dire, ce Titanic italien, son équipage débordé

, ses chaloupes prises d'assaut, cette panique sur le pont principal, où seul manquait l'orchestre. Trop belle, cette silhouette de l'orgueilleux Costa Concordia échoué, si près des côtes toscanes. Trop belle, en plein naufrage général des notations européennes, cette image de classes moyennes comblées, attablées devant le dîner "upper middle class" de la grande salle à manger illuminée, et précipitées en quelques minutes dans l'eau glacée. Et ce capitaine abandonnant son navire, et mentant effrontément devant les caméras ! Comment, dans la séquence suivante du 20 Heures, voyant un Sarkozy rescapé, éclopé, casquette à l'envers, promettre des "décisions urgentes" pour "la fin du mois", comment résister aux surimpressions ? Et les radios du matin s'en sont donné à coeur joie, multipliant les allusions au capitaine Sarkozy, ou au capitaine Hollande.

Par comparaison, le naufrage du Costa Concordia précise notre image de l'autre naufrage, celui de l'euro. L'orgueil est le même, qui inspira les deux chantiers. Et sans doute à l'arrivée le bilan sera-t-il comparable: gros dégâts matériels, film impressionnant rejoué en boucle, énormément de peur, mais moins de mal. Pour le reste, ce sont les différences qui frappent. Si quelques minutes ont suffi à couler le paquebot, le naufrage de l'euro, lui, n'en finit pas. C'est une catastrophe à épisodes, permanente, interminable. La coque n'en finit pas de se déchirer sur le récif, centimètre par centimètre, tandis que l'équipage multiplie les consignes incohérentes, ébloui par le phare des naufrageurs de Standard and Poor's.

Que faire ? Oui, elles peuvent paraître ridicules, ces 250 personnes, rassemblées devant le siège parisien de Standard and Poor's, par un Mélenchon cohérent avec sa stratégie de "foutre la trouille" aux marchés. On sent bien la condescendance suinter des commentaires, devant le rassemblement minuscule, censé terrifier le mastodonte. Oui, mais en face, quoi ? En face, de Hollande à Sarkozy, en passant par Bayrou, rien d'autre qu'une soumission plus ou moins aveugle à la tenaille infernale, à l'éternelle sommation schizophrène des agences: réduisez vos dépenses, et faites de la croissance ! On ne sait pas où nous mènerait un équipage de rechange, mais on ne sait que trop où celui-ci nous emmène. On en est encore là.

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