De Vancouver à Florensac, mauvaises pensées
Le matinaute
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chronique

De Vancouver à Florensac, mauvaises pensées

Et si on pensait un peu contre nous-mêmes ? Oui, nous tous, matinautes, vespernautes, noctinautes
, geeks, technophiles, tweetos, amis de Facebook, branchés, connectés, citoyens de la république des internautes. A nous, qui nous berçons quotidiennement des bienfaits des nouveaux médias, et des progrès de toutes sortes qu'ils représentent, l'observatoire d'aujourd'hui de Gilles Klein donnera le vertige. Après des émeutes de fans de hockey furieux de la défaite de leur équipe, à Vancouver, de bons citoyens se sont lancés dans une vaste campagne de cyber-délation, à l'instigation de la police, pour l'aider à retrouver les coupables de dégradations. Eh oui. On balance sur Facebook, on balance sur Twitter, on s'excuse sur des blogs.

Et alors ? Est-ce vraiment nouveau ? Avant Twitter, avant Facebook, les mêmes honnêtes citoyens seraient sans doute allés apporter leurs photos à la police. Et avant l'invention de l'appareil-photo, leurs témoignages. Sans doute. Disons que Twitter et Facebook offrent à la délation généralisée des moyens sans commune mesure avec ce qu'ils étaient auparavant. Leçon: il ne faut jamais cesser de penser ces nouveaux médias, y compris dans leurs dangers. Quitte à se faire siffler par les béats (je me souviens encore du houleux forum, que nous avait valu cet autre récit, à propos du suicide d'un étudiant américain, "webcamé" à son insu pendant qu'il faisait l'amour). Il n'y a pas de technologie vertueuse par nature. Et même si les censeurs de tous poils n'ont jamais digéré Internet, cela ne doit pas nous interdire de réfléchir à Internet.

Et tant qu'à être impopulaire, et à lancer des débats qui fâchent, tiens, cette collégienne tuée par un camarade, à Florensac (Hérault). A propos de cette affaire, on vous l'a dit, les anciens médias, et notamment les télés, multiplient les sujets sur les dangers des rézosociaux. Je l'avoue tout de suite: je ne connais pas le détail de l'affaire. Je ne connais pas à quel degré d'insultes en étaient arrivées les deux adolescentes, ni si c'était par textos, ou sur Facebook, ni quelle était la nature de leurs comptes Facebook (ouverts ? Fermés ? Semi-fermés ?) Je n'en sais pas davantage que les journalistes de France 2, qui multiplient les sujets sur les dangers de l'Internet. Avant Facebook, peut-être se seraient-elles insultées dans la rue, ou par téléphone. Oui, mais sur Facebook, on s'insulte en public, sous les regards de l'assemblée générale invisible, mais présente, des cherzamis. Ne devient-on pas, ensuite, prisonnier de ses propres insultes ? Ne craint-on pas de perdre la face ? N'est-on pas conduit à l'escalade ? Ne serait-ce qu'ici, sur ce site hautement civilisé, on voit bien comment parfois le ton monte dans les forums, entre débatteurs qui sans doute, IRL (in rille laïfe, comme dirait Korkos) débattraient de manière plus civile, ou s'ignoreraient confortablement. Ne tapez pas tout de suite: ce ne sont que des questions.

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