Le pape et le préservatif : vertiges de l'exégèse
Le matinaute
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chronique

Le pape et le préservatif : vertiges de l'exégèse

Dieu soit loué, à l'ère de la transparence universelle,

il reste de riches zones d'ombre. La pensée du pape sur la sexualité, par exemple. Qu'avait en tête Benoit XVI, en parlant "d'un homme prostitué", dans la version originale allemande de son livre d'entretiens "Lumière du monde", pour illustrer son acceptation nouvelle, dans certains cas de risques de contamination par le virus du sida, de l'usage du préservatif ? "Dans certains cas, estime le pape, quand l'intention est de réduire le risque de contamination, cela peut quand même être un premier pas pour ouvrir la voie à une sexualité plus humaine, vécue autrement." La phrase a légitimement été relevée : elle exprime exactement le contraire de ce qu'avançait jusqu'alors la doctrine du Vatican.

Et de donner un seul exemple : celui, donc, d'un "homme prostitué". Vertiges de l'exégèse. Le pape imagine-t-il que seuls les prostitués mâles utilisent le préservatif ? Ne l'a-t-on pas mis au courant des risques de transmission hétérosexuelle ? Imagine-t-il que le rapport de prostitution homosexuelle est mieux à même de mener vers "une sexualité plus humaine" que le rapport hétérosexuel ? L'évolution de la doctrine serait plus remarquable encore.

Dieu soit loué, les mécréants ne sont pas seuls à s'y perdre. Qu'avaient en tête les traducteurs italiens d'une première version publiée par notre confrère le quotidien du Vatican, l'Osservatore Romano, qui ont traduit "un homme prostitué" par "une prostituée" ? Ont-ils été mus par l'homophobie, ou au contraire par un refus de stigmatiser les homosexuels ? Etaient-ils simplement pressés ? Ce significatif lapsus de traduction mériterait approfondissements, débats internes, un concile peut-être. Mais il est tout simplement inimaginable de questionner le pape. Pas seulement lui, d'ailleurs. Il est parfois aussi périlleux d'interroger un simple chef d'Etat, comme le relèvent les revues de presse de ce matin. On n'ose imaginer la scène de Lisbonne, dans la salle de presse du Vatican.

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