Remplaçant estival de Thomas Legrand, Jean-François Achilli sonne le tocsin aux petites heures sur France Inter. La meilleure preuve, selon Achilli ? Les députés UMP viennent de retoquer un projet de loi gouvernemental, visant à introduire une forme de dialogue social dans les très petites entreprises. Vivement combattu par le MEDEF et la CGPME, ce projet, à l'Assemblée, était défendu par...Eric Woerth. La voilà, la preuve que tout lâche ! répète Achilli, d'édito en chronique. Bien évidemment, en apparence, ce camouflet infligé au gouvernement n'a rien à voir avec "l'affaire", mais tout de même ! On ne la fait pas à Achilli ! C'est "un signe" ! Sarkozy doit "parler". Il doit "remanier". Il doit bouger.

Jolie analyse. Pourtant, quelque chose cloche dans le scénario. Pour céder au MEDEF et à la CGPME, les députés UMP ont-ils vraiment eu besoin de la panique du moment ? "Une source UMP" a livré à l'AFP une autre analyse. On la trouve tout à la fin de cette dépêche. La voici : "Selon une source UMP, le gouvernement s'accommoderait d'un nouveau revers sur son texte, car "comme ça, il pourra dire aux syndicats +vous voyez, on a fait le maximum pour cet article mais les députés de la majorité n'en veulent pas+". Tiens donc ! La dramatique "mise en minorité", la solennité de Copé ("oui, j'ai voté pour la première fois contre le gouvernement, mais j'assume"), ne seraient que jeu de rôles, et savante répartition implicite ? Evidemment, cette explication est moins "vendeuse" pour réveiller l'auditeur, qu'un papier sur le thème de la débandade. A moins qu'Achilli ne manque de "sources UMP". Il faudrait lui en présenter.

Pourquoi Achilli, qui ne s'est jamais signalé par un anti-sarkozysme forcené, en rajoute-t-il sur le "tout lâche" ? Parce que tout le monde autour de lui, répète que "tout lâche". Contrairement à ce que l'on pense parfois de l'extérieur, y compris dans nos forums bien aimés, les embedded UMP (dont nous avions reçu jadis un échantillon dans une mémorable émission) ne sont pas avant tout sarkomanes. Ils sont avant tout suivistes. En période d'emballement, leur suivisme l'emporte sur leur tropisme sarkozyste. Sacrés confrères ! Heureusement que la presse en ligne est là, désormais, bien installée, avec sa sagesse et sa pondération, pour les modérer un peu.