Euro, les vannes sont ouvertes
Pendant une bonne décennie, l'euro, son bien-fondé, ses bienfaits, fut un sujet d'unanimité dans les grands médias. Oui, l'euro a produit de l'inflation, rappelait périodiquement le JT quand le prix des pâtes augmentait trop vite, mais ce rappel était expédié dans des micro-trottoirs, relégué dans la bouche de quelques ménagères interrogées devant le rayon spaghetti, comme pour ringardiser d'avance le propos. L'euro, c'est l'Europe, et l'Europe, c'est la paix et la protection contre la spéculation internationale. On n'allait pas plus loin.
Que cette unanimité ait été recherchée au prix d'une implacable censure implicite des voix dissidentes, c'est une évidence. L'économiste libéral Jean-Jacques Rosa, que l'on entend partout ces temps-ci prophétiser la fin de l'euro, rappelle par exemple sur son blog que Le Monde, qui l'a interrogé cette semaine, ne l'avait pas sollicité depuis...1994. Souverainistes de droite et de gauche sont marginalisés depuis de longues années par les grands médias audiovisuels. Cette censure implicite n'est d'ailleurs pas forcément condamnable a priori. Quand la panique, plutôt que l'examen froid des chiffres, guide le doigt des spéculateurs, et des agences de notation, toute parole, toute déclaration, est un fait. Quand un prix Nobel, comme Joseph Stiglitz, estime plausible la fin de l'euro, il entre de plain-pied dans la prophétie auto-réalisatrice. On n'a pas fini de débattre.
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