Le directeur du Monde, dans les nuages
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chronique

Le directeur du Monde, dans les nuages

O délices du temps retrouvé.
 

Ce n'est pas parce qu'on est directeur du Monde, que l'on est condamné à penser à ras de terre. Le week-end volcanique, et les délectables visions de Merkel, Obama, Martine Aubry ou Stéphane Bern cloués au sol, ont donc fait décoller Eric Fottorino, qui offre à ses lecteurs, à la Une, le concentré de cette réflexion. "On ne saurait sérieusement soutenir qu'un nuage permet d'y voir clair" commence Fottorino. Et, grisé par cette envolée solitaire, il abandonne à leur vanité les sujets d'enquête triviaux, bassement journalistiques, (exemple : les rapports de force entre compagnies aériennes et gouvernements nationaux, etc) pour amorcer une (savamment double) réflexion sur le temps, "le temps qu'il fait, et le temps qu'il faut".

 

Ayant pris "le temps qu'il faut" pour constater que "depuis cinq jours, l'humanité danse sur un volcan", Fottorino, depuis sa montgolfière, en tire la leçon essentielle : "nous ne sommes que ce que nous sommes". C'est à dire ? "Des passagers sur la Terre qui n'en fait qu'à sa tête, et nous prive à sa guise de nos rêves d'altitude".

Dans l'univers raréfié de la stratosphère (et plus précisément dans les colonnes de ce temple de la réflexion qui s'appelle le JDD), Fottorino ne pouvait rencontrer un esprit moins élevé que Alain Finkielkraut : "L'homme n'est pas voué à ne rencontrer que lui-même : ce n'est pas forcément une mauvaise nouvelle". O délices des pensées qui s'entrechoquent, à faire péter l'altimètre. Comme le directeur du Monde, forcément, a aussi embarqué des bouquins dans sa nacelle, il cite encore "le sociologue et philosophe allemand Hartmut Rosa" qui, dans "un essai qui parait ces jours-ci en France" (titre non précisé) réfléchit sur "la société de l'accélération". Et conclut, en haiku : "jamais mille précipitations n'ont fait une lenteur". Pour compléter la collection de sujets de philo pour bacs blancs, on pourrait ajouter : "toute réflexion sur le temps n'est-elle pas condamnée par le temps ?" Copie à rendre avant reprise complète du trafic aérien.

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