Polanski : silence, on ne tourne pas !
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Polanski : silence, on ne tourne pas !

Une envie, et une seule, à entendre les clameurs autour de l'affaire Polanski. Crier aux uns et aux autres : silence !
On ne tourne pas ! Malgré les apparences, ceci n'est pas un film ! Sexe, show-biz, star mondiale, tribunal américain : tous les ingrédients sont pourtant rassemblés, pour que la force des hurlements soit inversement proportionnelle à la connaissance de l'affaire. Et voici l'ami Costa-Gavras, s'indignant que Polanski soit arrêté "au moment où il allait recevoir un prix", comme si un festival de cinéma était un lieu d'extra-territorialité, et expliquant que la victime, âgée de 13 ans, "en faisait 25". Et voilà Marine Le Pen, fustigeant "la caste surprotégée du showbiz", comme si, de Paris à Los Angeles, les juges avaient hésité à s'en prendre à Sagan, ou à OJ Simpson.

Depuis presque quarante-huit heures, nombreuses sont les questions qui restent sans réponse évidente. En vrac : si Polanski est bien propriétaire d'un chalet à Gstaad, il est probable qu'il s'y rendait parfois. Pourquoi les vigilantes autorités helvétiques ne l'ont-elles pas arrêté au cours de l'un de ces séjours ? Est-il exact, comme l'a affirmé en 2003 la victime, Samantha Geimer, que le juge de Los Angeles avait d'abord entériné un accord conclu entre plaignant et coupable, dans le cadre d'un "plea bargaining", avant de se raviser ensuite ? Sans parler des exégèses transatlantiques sur les durées respectives de la prescription. Entre la surmédiatisation hystérique de cette affaire, et l'incapacité, dans les premiers jours, à en synthétiser les détails juridiques, le contraste fait peur Dans une cinglante revue de la presse française (mais sans citer précisément aucun article à l'appui) le Times assure que Polanski apparaît aux yeux des journalistes d'ici comme "un héros injustement persécuté par les Américains". C'est confondre un peu vite Mitterrand et Costa-Gavras avec les journalistes qui leur ouvrent le micro. Mais il est vrai qu'ils leur ouvrent le micro, justement, plus volontiers qu'aux associations de lutte contre la pédophilie, pourtant si bien accueillies sur les plateaux, en d'autres occasions.

Hasard des choses : avant d'apprendre l'arrestation de Polanski, je regardais ce week-end un de ses films, pas le plus connu, La jeune fille et la mort, magnifique huis-clos entre une jeune femme, ancienne victime des Escadrons de la mort dans un pays d'Amérique du Sud, et son ancien bourreau supposé. Entre les deux, un avocat, mari de la jeune femme, incarne l'impossible équité. Viol, pardon, oubli, prescription : les thèmes du film ne peuvent pas ne pas entrer en résonance avec le fait-divers, qui fut abondamment rappelé dans les heures suivantes. Quand l'histoire, la vraie, aura été restituée dans tous ses détails, restera à en explorer les prolongements, dans l'oeuvre d'un immense cinéaste. Ce sont deux enquêtes nécessaires, et qui ne se confondent pas.

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