Pendant que se poursuivent en France les débats théologiques sur le déclin de la presse, ses causes profondes, ses conséquences prévisibles, le Daily Telegraph multiplie, jour après jour, ses révélations sur les remboursements de notes de frais abusives des élus politiques britanniques. Ces révélations ont conduit à un certain nombre de démissions, à quelques dizaines de milliers de livres de remboursements, et ce n'est pas terminé. Pour avoir une idée du coeur que mettent à l'ouvrage nos confrères britanniques, promenez-vous un instant sur le site du journal, qui propose en diaporama les vingt notes de frais les plus insolites...

parmi lesquelles ce père Noël en chocolat (59 pence)

J'entends d'avance nombre de confrères français, voire peut-être d'@sinautes, se récrier : pouah ! Quelle horreur ! Est-ce là le modèle que vous voulez importer en France ? Ne sentez-vous pas comme ça pue ? Cette presse de caniveau, qui s'intéresse au remboursement d'un...

bol de trucs...enfin, de bidules en gelée, c'est à dire de...(au secours ! traduction urgemment souhaitée !)

...et ne dit rien sur la crise financière ! Et les salaires des banquiers ? Ne sont-ils pas plus dignes d'investigation que les notes de frais des élus politiques ? Et quant à faire de l'investigation, ne vaut-il pas mieux révéler Abou Ghraïb (exemple que rappelait Edwy Plenel, de Mediapart, sur France Inter ce matin), que le bol de trucs imbouffables spécialités britanniques en gelée ?

Oui. J'entends bien. Mais pourquoi choisir ? La presse qui émergera des décombres actuelles, sera celle qui révèlera à la fois Abou Ghraïb,

la pâtée pour chiens (au poulet et à la dinde)...

.

...et produira des analyses et des opinions originales sur Abou Ghraïb et la pâtée (au poulet et à la dinde). Est-ce inimaginable ?