Pleins feux sur les békés
Le matinaute
Le matinaute
chronique

Pleins feux sur les békés

Le problème guadeloupéen révèle donc lentement

sa vraie nature aux yeux des médias qui s'y intéressent avec retard: c'est une question de "dé-co-lo-ni-sa-tion", martèle Askolovitch, sur Europe 1, en détachant bien les syllabes, pour faire sentir tout le poids de cette révélation trop longtemps occultée. En cause: les békés (descendants des "blancs créoles" esclavagistes, et qui constituent une partie importante du patronat martiniquais). Et plus particulièrement: les provocations verbales d'un octogénaire "béké" martiniquais, tenues dans un récent documentaire de Canal+, par ailleurs fort intéressant, semble-t-il (on va s'empresser de le regarder).

"Dans les familles métissées, les enfants sont de couleurs différentes, il n'y a pas d'harmonie. Moi, je ne trouve pas ça bien. Nous, on a voulu préserver la race" a déclaré à Canal+ Alain Huygues-Despointes (qui se trouvait, par coïncidence, être le logeur du préfet), en montrant à la caméra son arbre généalogique. Déjà l'autre soir, le 20 heures de France 2 fouaillait le phénomène béké.

Dans la complexe situation antillaise, marchons sur des oeufs. Les békés, catégorie importante et économiquement influente à la Martinique, n'en sont pas une à la Guadeloupe. Il serait absurde de nier la dimension raciale, psychologique et historique d'un conflit social aux Antilles. Mais pourquoi un ouvrier guadeloupéen, une vendeuse, une infirmière guadeloupéennes, ne pourraient-elles connaître des problèmes de pouvoir d'achat, indifférents à leur couleur de peau, et à celle de leur patron ? Par ailleurs, tout métropolitain s'étant déjà rendu en Martinique et à la Guadeloupe a bien remarqué que la réalité du métissage n'est pas la même dans chacune des deux îles.

Il reste pourtant un motif d'optimisme. On a reproché à Sarkozy, dans son entretien de la semaine dernière, de n'avoir pas dit un mot de la grève en Guadeloupe. Au moins ce silence lui aura-t-il évité de braquer les Antillais, comme les chercheurs. Tout bien pesé, c'est peut-être cet "oubli", qui laisse au ministre Jego et à ses "médiateurs" une mince chance de trouver une solution au conflit.

Partager cet article Commenter

 

Cet article est libre d’accès
En vous abonnant, vous contribuez
à une information sur les médias
indépendante et sans pub.

Déjà abonné.e ?

Lire aussi

Canal+ invite le souvenir de l'esclavage dans la crise antillaise

Un reportage illustre le racisme et la domination économique de l'élite blanche de l'île

Laurence De Cock contre "Zist", du "pillage" au procès

L'historienne attaque la revue avec une double plainte en diffamation

Guadeloupe : le jour où la télé a diffusé "la scène étincelle"

Bienfaits et méfaits des images "qui sautent à la figure"

Voir aussi

Ne pas manquer

DÉCOUVRIR NOS FORMULES D'ABONNEMENT SANS ENGAGEMENT

(Conditions générales d'utilisation et de vente)
Pourquoi s'abonner ?
  • Accès illimité à tous nos articles, chroniques et émissions
  • Téléchargement des émissions en MP3 ou MP4
  • Partage d'un contenu à ses proches gratuitement chaque semaine
  • Vote pour choisir les contenus en accès gratuit chaque jeudi
  • Sans engagement
Devenir
Asinaute

5 € / mois
ou 50 € / an

Je m'abonne
Asinaute
Généreux

10 € / mois
ou 100 € / an

Je m'abonne
Asinaute
en galère

2 € / mois
ou 22 € / an

Je m'abonne
Abonnement
« cadeau »


50 € / an

J'offre ASI

Professionnels et collectivités, retrouvez vos offres dédiées ici

Abonnez-vous

En vous abonnant, vous contribuez à une information sur les médias indépendante et sans pub.