Le juge Beauvais, et sa banderole anti ch'tis personnelle
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Le juge Beauvais, et sa banderole anti ch'tis personnelle

C'est un haut magistrat qui parle.


Didier Beauvais est conseiller à la Cour de cassation. Lors de l'affaire d'Outreau, il présidait la chambre de l'instruction (c'est à dire était en position de contrôler l'instruction de Fabrice Burgaud). Le 2 février, il témoigne en faveur dudit juge Burgaud devant le Conseil Supérieur de la Magistrature. Burgaud, à l'en croire, n'a fait que son travail. Et d'ailleurs les faits (pour lesquels treize des dix-sept personnes mises en examen par Burgaud ont été acquittées) étaient, après tout, habituels. « Nous connaissions, dit Beauvais, ces soirées habituelles, à Boulogne ou à Avesnes-sur-Helpe. Des soirées-bière où on invite les voisins, on boit beaucoup, on joue aux cartes ou au jeu de l'oie, et où le gagnant peut choisir une petite fille, avec l'accord des parents. Là-bas, ce ne sont pas des psychologues qu'il faut envoyer, mais des sociologues ou des ethnologues...»

De nombreux journalistes, de la presse locale et nationale, sont présents. Mais seule La Voix du Nord semble s'offusquer des propos de Beauvais, notant que le témoin ne cite aucun fait précis, aucun procès, dont il aurait eu à connaître, les corroborant. Le compte-rendu du Monde ne donne qu'une version atténuée de ces phrases, et ne semble pas particulièrement s'en émouvoir. Le Figaro ne les a pas entendues. Solitaire mais obstiné, le quotidien régional semble d'ailleurs décidé à ne pas lâcher l'affaire.

C'est donc en début de semaine dernière, que M. Beauvais a déployé sa petite banderole anti ch'tis personnelle, faisant état de ces "soirées habituelles", qu'il "connaissait". Mais ces accusations lancées sans preuve à Paris auront dû passer par Lille, pour susciter à Paris l'indignation qu'elles méritent. Il aura fallu attendre que deux députés du Nord en saisissent le président de la République (qui devrait prêter une oreille attentive à ce nouveau débordement d'un sauvageon de la magistrature), pour que la presse nationale s'en empare à son tour, ce qui est désormais chose faite. Avec prudence, d'ailleurs: un jité de dimanche soir évoquait "des propos prêtés" à Beauvais, comme si la séance s'était déroulée à huis-clos. S'agissant de phrases prononcées en présence d'un nombre respectable de magistrats et de journalistes, il ne devrait pas être trop compliqué pour Rachida Dati de les vérifier.

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