Il est arrivé en pièces détachées.

Explorez-le. Zoomez. Promenez-vous.

C'est le premier décor d'émission de télévision qui ait été livré dans des enveloppes. Des dizaines, des centaines d'enveloppes. Le plus souvent, il accompagnait vos chèques d'abonnement. Parfois, ces petits mots d'encouragement arrivaient seuls.

Ce sont eux qui nous ont portés, tout au long de ce trimestre. Tout ce qui est déjà advenu, tout ce qui adviendra encore, est le fruit de votre mobilisation, de vos encouragements, de votre désir.

Ce décor a commencé sa vie de décor dans une grande modestie.

Pendant plusieurs semaines, il s'est empilé dans un carton, dans un coin du bureau. Personne ne s'occupait de lui. On ne connaissait pas encore le glorieux destin qui l'attendait. Et puis, quelques mains habiles ont commencé de le monter, cette semaine, sur le mur  de la pièce où nous allons installer le plateau la semaine prochaine. Et il s'est imposé comme le décor évident de nos futures émissions.

C'est évidemment bien davantage qu'un décor. C'est une boussole. Il nous guidera dans le brouillard. Il nous habitera.

Regardez-le bien. Vous y distinguerez peut-être votre petit caillou.

Ce décor, pour l'instant, c'est ce que nous avons de plus élaboré, concernant notre future émission. Parce que pour le reste,autant vous l'avouer tout de suite, les idées sont plus floues. Quand je lis, quand j'entends certains d'entre vous attendre que l'émission revienne ici, sur Internet, exactement sous la même forme qu'avant sur France 5, je me dis qu'il y a un profond malentendu.

La télévision cérémonielle, la grand messe, d'une certaine façon, que constituait l'Arrêt sur images du dimanche à 12 heures 38, sont derrière nous. Nous ne les recréerons pas.

Cette solennité a eu du bon. Je pense surtout à la dimension familiale de la réception de l'émission. Pour beaucoup d'entre vous, vous nous l'avez écrit, Arrêt sur images était un rite dominical. Parents, enfants, cousins, voisins: tout le monde se rassemblait, pour le plaisir de regarder ensemble l'émission, et d'en discuter ensuite.

Une diffusion sur Internet sera forcément différente. Vous ne regarderez plus l'émission ensemble. L'ordinateur trône rarement dans la salle à manger, ou dans le salon. Vous vous enverrez ses éléments les uns aux autres, dans les boites mail, demain peut-être sur les téléphones portables, que sais-je? Je suis certain que vous inventerez une autre manière de la partager, même si je ne sais pas encore laquelle.

@rrêt sur images ne sera pas une émission. Ce sera, avant tout, un site. Dont nos émissions ne constitueront qu'une partie. Une brique de l'édifice.

Pour autant, on a bien quelques idées. La première, c'est que ce plateau nous servira à traiter ce que l'écrit peine à rendre: l'interview fouillée, ou le débat contradictoire. Chaque semaine, le plateau prolongera un, ou plusieurs, des contenus du site. Mais c'est le site qui, chaque jour, donnera le "la".

La seconde idée, c'est que le format sera...aléatoire. Notre émission sera parfois courte, parfois longue, comme le sujet l'exigera. Pas de délayage, mais pas de frustration non plus. Ce sera la première émission élastique de la télévision.

Voilà. Pour le reste, ne soyez pas trop exigeants d'emblée. C'est la vie qui la modèlera.

Au nom de toute l'équipe, affairée en ce dimanche soir sur le site définitif, avec ses casques de chantier, je vous souhaite une très belle année 2008.

(Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, je viens d'avoir une dérogation exceptionnelle de nos développeurs, Armelle et Sylvain, pour revenir vous voir ici de temps en temps avant la fin du compte à rebours)...