Le téléfilm, intitulé Ce soir-là et réalisé par Marion Laine, raconte une histoire d'amour entre une femme et un homme s'étant rencontrés en portant secours aux victimes de l'attaque, survenue il y a deux ans.

Trop tôt pour la compagne d'une victime, qui a lancé une pétition il y a un mois pour que la chaîne renonce à son projet. "Deux ans après, nos plaies sont encore à vif, nos chagrins sont immenses, nos vies sont meurtries", plaide-t-elle dans le texte de sa pétition, qui a recueilli plus de 40 000 signatures. "Ce projet nous blesse, nous heurte, nous choque..." poursuit celle qui a perdu son compagnon dans l'attentat.

Mais l'indignation des victimes ou proches de victimes a aussi été relayée… par l'extrême-droite, pour qui le principal problème lié à la production de ce téléfilm vient du fait que le personnage principal est afghan. Le site Fdesouche a ainsi repris l'information en titrant :"Un téléfilm sur l'attentat du Bataclan avec un migrant afghan dans le rôle du héros soulève l'indignation".

L'eurodéputé FN Bernard Monot en a aussi profité pour dénoncer l'immigration, "cheval de Troie du terrorisme islamiste". Et d'affirmer que"les migrants infiltrés sont à l'origine des attentats". En réalité, si les terroristes du 13 novembre ont emprunté les routes utilisées par les réfugiés pour rejoindre l'Europe depuis la Syrie où la cellule terroriste s'était mise sur pied, il ne s'agit pas de migrants. Les assaillants du 13 novembre étaient principalement de nationalité française ou de double nationalité belge et marocaine, nés et ayant grandi en Europe. Les seuls auteurs non européens de l'attentat étaient deux irakiens s'étant fait exploser à proximité du Stade de France. Ce qui n'empêche pas Monot de conclure :"Et le service public met un migrant dans le rôle du héros au Bataclan. Folie ou trahsion?"

Même argumentation du côté du député FN Bruno Bilde, qui appelle à "se mobiliser et signer la pétition!"

Devant la polémique, France 2 a d'abord défendu son projet. Dès le 29 novembre la directrice de la fiction de la chaîne Fanny Rondeau expliquait sur RTL qu'il ne s'agissait "pas de parler frontalement des attentats, du Bataclan et de cette nuit-là. [...] L'idée ce n'est pas du tout d'être voyeur ou quelque chose comme ça, sur les attentats, par du tout, on ne verra rien de ça". La chaîne avait également dans un communiqué insisté sur son "rôle de service public" qui est "d'interroger avec intelligence et humanisme, et sans tabou, notre société par le prisme de la fiction". Avant de décider finalement de suspendre le projet jeudi 28 décembre. "France 2 rappelle qu'aucune date de diffusion n'est prévue pour la fiction intitulée Ce soir-là, a écrit la direction de la chaîne dans un communiqué. Le film étant en cours de montage, il n'a pas encore été visionné par la direction de la chaîne. France 2 a pris la décision d'ajourner ce projet tant que la production du téléfilm n'aura pas consulté largement l'ensemble des associations des victimes". Du côté de l'association de victimes Life for Paris, on se félicite de la décision de la chaîne."Même si on n'a jamais réclamé la censure, on est content que la pudeur et la retenue l'emportent", s'est réjoui auprès de l'AFP le président de l'association Arthur Dénouveaux,qui a précisé être en attente d'un rendez-vous avec la productrice et la réalisatrice du téléfilm.