Lanceur d'alerte/Panama Papers : "Les médias ont échoué"
Brève

Lanceur d'alerte/Panama Papers : "Les médias ont échoué"

Mettre en ligne ou ne pas mettre en ligne les 11,5 millions de fichiers du cabinet panaméen Mossack Fonseca ?

Depuis les révélations Panama Papers, Le Monde répond aux interrogations des lecteurs sur la publication des données, sur fond de reproche de "manque de transparence". Hier, le quotidien a annoncé que le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ, dont Le Monde fait partie), va mettre en ligne lundi 9 mai "une partie des données liées au scandale des Panama papers". "Il ne s’agit pas de l’intégralité des 11,5 millions de fichiers, précise le journal. L’ICIJ et ses partenaires ne souhaitent pas les publier pour des raisons de respect de la vie privée, car elles contiennent des numéros de téléphone, des correspondances privées, des transactions financières et des passeports."

Que retrouvera-t-on sur le site de l’ICIJ ? "Le registre interne des quelque 214 000 structures offshore administrées par Mossack Fonseca entre 1977 et 2015 et les métadonnées associées à chacune d’entre elles : dates de création et éventuellement de dissolution, statut (active, dormante, dissoute…), nom des actionnaires, des intermédiaires financiers et, lorsque Mossack Fonseca possédait l’information (c’est-à-dire rarement), des bénéficiaires finaux de ces sociétés." Un registre auquel l’ICIJ a ajouté les données concernant les 100 000 sociétés de l’enquête "Offshore Leaks". L’ensemble pourra être consulté sous la forme "d’un moteur de recherche et d’une visualisation en réseaux permettant d’explorer la base et les liens entre les différentes entités".

John Doe contre le reste du monde



Le même jour, Le Monde mettait surtout en ligne la traduction d’un texte du lanceur d’alerte anonyme à l’origine de la "fuite" des Panama Papers. Celui qui utilise le surnom "John Doe", a envoyé ce manifeste au journal allemand Süddeutsche Zeitung pour expliquer sa démarche... et s’en prendre pêle-mêle aux gouvernements, aux avocats et aux journalistes.

"John Doe" revient par exemple sur "les lanceurs d’alerte et les activistes" qui ont vu "leur vie détruite après avoir contribué à mettre en lumière d’évidentes malversations", comme Edward Snowden ou Antoine Deltour, actuellement en procès dans le cadre de Lux Leaks. "Les lanceurs d’alerte légitimes qui mettent au jour d’incontestables malversations, qu’ils agissent de l’intérieur ou de l’extérieur du système, méritent l’immunité contre les représailles gouvernementales, un point c’est tout", demande John Doe (quelques semaines après une décevante directive européenne à ce sujet). Dans le même élan, il appelle les gouvernements à "mettre un terme aux abus mondialisés des registres du commerce" ou à encadrer les financements de campagne privés, pour éviter que "les officiels élus dépendent de l’argent des élites qui ont le plus de raisons de vouloir échapper à l’impôt".

Outre les gouvernements, John Doe égrène la liste des acteurs qui "ont échoué" à lutter contre l’évasion fiscale : "les banques, les régulateurs financiers, les autorités fiscales" ou encore les "tribunaux désespérément obsolètes et inefficaces". Et il ne s’arrête pas là : "Les médias ont échoué. […] En plus de la Süddeutsche Zeitung et de l’ICIJ, les rédacteurs en chef de plusieurs titres de presse majeurs ont pu consulter des documents issus des "Panama papers" – même s’ils ont assuré le contraire. Ils ont choisi de ne pas les exploiter", avance John Doe, qui sous-entend donc qu'avant le journal allemand, qui s'est procuré les données en premier selon le récit de l'ICIJ, d'autres grands titres mondiaux n'ont pas voulu couvrir l'affaire. La triste vérité est qu’aucun des médias les plus importants et compétents du monde n’a montré de l’intérêt pour cette histoire, regrette-t-il, sans doute en référence au désintérêt de grands médias comme le New York Times. Même Wikileaks n’a pas donné suite à de multiples sollicitations par le biais de son formulaire de signalement." Selon John Doe, Wikileaks, qui accuse aujourd'hui l'ICIJ de partialité dans son traitement des Panama Papers, aurait donc tout simplement refusé de donner suite à ses sollicitations.

Une profession concentre enfin le gros des attaques du lanceur d'alerte : les avocats. "C’est avant tout la profession juridique qui a échoué. La gouvernance démocratique repose sur des individus responsables partout dans le système qui comprennent et respectent la loi, plutôt que de la comprendre pour l’exploiter. Les avocats ont globalement atteint un tel niveau de corruption qu’il est impératif que des changements majeurs interviennent dans la profession, bien au-delà des timides propositions qui sont actuellement proposées."

Partager cet article Commenter

 

Cet article est libre d’accès
En vous abonnant, vous contribuez
à une information sur les médias
indépendante et sans pub.

Déjà abonné.e ?

Voir aussi

Ne pas manquer

DÉCOUVRIR NOS FORMULES D'ABONNEMENT SANS ENGAGEMENT

(Conditions générales d'utilisation et de vente)
Pourquoi s'abonner ?
  • Accès illimité à tous nos articles, chroniques et émissions
  • Téléchargement des émissions en MP3 ou MP4
  • Partage d'un contenu à ses proches gratuitement chaque semaine
  • Vote pour choisir les contenus en accès gratuit chaque jeudi
  • Sans engagement
Devenir
Asinaute

5 € / mois
ou 50 € / an

Je m'abonne
Asinaute
Généreux

10 € / mois
ou 100 € / an

Je m'abonne
Asinaute
en galère

2 € / mois
ou 22 € / an

Je m'abonne
Abonnement
« cadeau »


50 € / an

J'offre ASI

Professionnels et collectivités, retrouvez vos offres dédiées ici

Abonnez-vous

En vous abonnant, vous contribuez à une information sur les médias indépendante et sans pub.