Deux jours après la fusillade qui a fait 14 morts dans un centre social de San Bernardino en Californie, des journalistes ont pénétré dans l'appartement des deux tueurs, Syed Farook et Tashfeen Malik (qui a déclaré son allégeance au groupe Etat islamique quelques heures avant l'attaque, sur Facebook).

Selon MSNBC, cité par L'Express, le propriétaire de l'appartement aurait lui-même retiré les scellés de la police pour permettre à un journaliste, moyennant 1000 dollars, de rentrer dans le logement. Les autres médias (CNN, MSNBC, Fox news, entre autres) se seraient engouffrés par la suite.

A l'antenne, cela a donné des scènes surréalistes : les journalistes ont fouillé l'appartement en direct. Selon CNN, il y a eu jusqu'à 80 personnes en même temps. Tout a été montré, fouillé. Sur MSNBC, un journaliste a exhibé une photo d'un permis de conduire pensant qu'il s'agissait de celui de Tashfeen Malik alors qu'il s'agissait de celui de la mère de son mari.

Les journalistes ont fouillé la chambre de l'enfant du couple (l'un d'entre eux a même examiné les "doudous")

Les caméramans ont également zoomé sur les aimants posés sur la porte du frigo, sur des post-it laissés par la police et sur lesquels étaient indiqués les lieux où avaient été laissés les armes. "Les gens touchaient à tout, certains journalistes ont pris des albums et extrait des photos pour les photographier", explique Robyn Beck, un photographe de l'AFP qui est entré dans l'appartement. Les clichés ont ensuite été postés par le Dailymail US sur son compte Twitter.

CNN finit par interrompre son direct

Les journalistes avaient-ils l'autorisation d'entrer dans l'appartement ? Pendant le direct de CNN, retranscrit par Telerama, un journaliste finit par demander à la reporter sur place si la police lui avait donné le feu vert pour entrer : "C’est une situation assez bizarre. Pour être très clair, la police ne va plus enquêter dans l’appartement et c’est le propriétaire qui vous a laissé entrer ?", demande Anderson Cooper. La reporter élude. Et CNN interrompt le direct quelques minutes plus tard.

"Il y a des dizaines de personnes qui en ce moment même sont en train de détruire une scène de crime qui peut être vitale pour l’enquête, car on ne sait pas encore combien de personnes ont pu participer au massacre. Si la police regarde la télévision, j’espère qu’ils sont en chemin pour mettre fin à ça", commente alors l'expert judiciaire de la chaîne.

Dans un premier temps, la police locale a déclaré ne pas avoir donné l'autorisation aux journalistes d'entrer. De son côté, le FBI, qui avait perquisitionné les lieux, s'est défendu de toute négligence en expliquant que toutes les analyses avaient été faites en 48 heures. "Une fois que nous rendons un endroit à ses occupants, ce n’est plus notre problème de savoir qui y rentre", a déclaré David Bowdich, un responsable du FBI de Los Angeles cité par l'AFP. Seul le garage, transformé par les tueurs en "fabrique de bombes", n' a pas été ouvert aux journalistes.