L'écrivain Michel Houellebecq porte plainte contre le journal, après la publication d'une série de six articles sur son parcours  et son univers : son réseau d'obligés, son séjour dans un monastère, ou encore la manière dont il organise sa promo. Une série pour laquelle l'écrivain avait refusé de parler à la journaliste, Ariane Chemin.

Pour quel motif porte-t-il plainte ? "Violation des droits d’auteur dont [Michel Houellebecq] dispose sur son œuvre" et "violation du secret de ses correspondances". Tout ça pour... un bout de papier, reproduit dans le volet 3 de la série.

Il s'agit d'un mot écrit par Houellebecq et transmis à son avocat, Emmanuel Pierrat, lors de son procès en 2002 quand il avait été poursuivi (et finalement relaxé) par quatre associations notamment pour avoir qualifié l'Islam de "religion la plus con du monde" – des propos qu'il avait tenus dans une interview au magazine Lire. "C’est la première fois à l’occasion de ce procès que je peux voir en détail tout ce qu’on peut tirer d’une interview. Donc, c’est peut-être attristant si beaucoup de journalistes doivent payer pour une brebis galeuse, mais ma décision est irrévocable : les médias, pour moi, c’est fini", écrit Houellebecq à Pierrat.

Reproduire ce mot releverait de la violation du droit d'auteur ? Le Monde réfute ces accusations et assure "c’est Me Pierrat, rencontré en juin à son cabinet, qui a lui-même ensuite adressé à Ariane Chemin ce document dans un mail, en l’autorisant explicitement à le reproduire, en le créditant". Un peu mince pour porter plainte ? Houellebecq avait prévenu sur France 2 que la journaliste du Monde allait "payer pour les autres". Comprendre : les autres journalistes qui avaient publié des articles contre lequels il aurait pu porter plainte. "Elle paye aussi pour les futurs. J’espère qu’on m’emmerdera moins", ajoutait Houellebecq.

L'occasion de relire la chronique de Daniel Schneidermann : "Narrateur littéraire contre narrateur médiatique"