Mexique : les Anonymous à la rescousse d'une journaliste licenciée
Brève

Mexique : les Anonymous à la rescousse d'une journaliste licenciée

La radio nationale mexicaine privée d'une voix critique. La journaliste mexicaine Carmen Aristegui a été licenciée le 15 mars, à l'issue d'un bras de fer avec sa direction portant sur sa participation au lancement d'une déclinaison mexicaine du projet WikiLeaks. Pour venger l'animatrice –dont l'émission est connue pour avoir révélé des malversations financières impliquant des membres du gouvernement– des hackers se réclamant du collectif Anonymous ont piraté le site de la radio.

Carmen Aristegui retrouvera-t-elle son poste grâce à la pression des hackers au masque blanc ? Ces derniers ont marqué un point dans la bataille médiatique, en piratant le site de la radio qui a licencié cette journaliste, animatrice d'une émission matinale d'information très écoutée, ainsi que deux membres de son équipe.

Le 14 mars, un étrange communiqué titré "Nous reconnaissons avoir commis une erreur en licenciant une partie de son équipe" a ainsi fait son apparition sur le site de la MVS - la radio publique mexicaine -, suivi d'un communiqué des Anonymous mexicains.

Le site piraté, annonçant que la MVS "reconnaît avoir commis un erreur"

... puis, toujours sur le site de la radio, un communiqué des Anonymous révélant et justifiant le piratage

Le licenciement de la journaliste s'est joué en trois actes. Le premier le 10 mars, lorsqu'elle a annoncé, en direct de Noticias, l'émission d'information qu'elle anime chaque matin, le lancement d'une sorte de projet WikiLeaks mexicain, le MexicoLeaks. "Cette nouvelle plateforme numérique est le fruit d'un collectif mexicain qui rassemble huit médias et associations et qui permet, à qui le souhaite, d'envoyer sous anonymat des informations d'intérêt public. MexicoLeaks revendique son objectif de « dénoncer les actes de corruption, les délits et les violations des droits de l'homme» ", explique l'hebdomadaire Courrier International.

Autant de sujets sur lesquels la journaliste avait l'habitude d'enquêter. Par exemple, l'équipe de Noticias a révélé, en 2014 que l'épouse du président mexicain Enrique Pena Nieto, avait "acheté une luxueuse maison à une entreprise de construction bénéficiant de l'Etat", rappelle l'AFP, affaire qui "mettait à jour, selon la journaliste, un possible conflit d'intérêt". Avant l'épisode des licenciements, plusieurs de ses journalistes enquêtaient sur des "affaires de malversations financières impliquant des membres du gouvernement, ainsi que sur des violations des droits de l’homme par l’armée", indique par ailleurs Le Monde.

Ce matin-là, donc, Aristegui annonce qu'elle et l'équipe de Noticias font partie du projet MexicoLeaks. Le lendemain, sa direction lui reproche de ne pas avoir averti la radio. "Noticias MVS prendra toutes les mesures pertinentes et nécessaires afin que ses ressources humaines, technologiques, financières et matérielles ne servent pas des intérêts particuliers qui n'ont rien à voir avec le journalisme que réalise l'entreprise", indique le document, cité par Courrier International. Les "mesures nécessaires" ne tardent pas : le même jour, deux des journalistes d'investigation de l'équipe de Noticias sont licenciés.

Troisième et dernier acte : Carmen Aristegui exige leur réintégration. Elle est licenciée à son tour. La MVS assure qu'elle n'a rien contre le MexicoLeaks, mais que "l’entreprise ne peut pas accepter les ultimatums de ses collaborateurs". Mais l'argument ne convainc pas les défenseurs des droits de l'homme, inquiets pour la liberté d'expression au Mexique, qui relèvent que les deux collaborateurs de Aristegui licenciés sont justement les auteurs de l'enquête sur la maison de la femme du président. Il ne convainc pas non plus les Anonymous, qui, dans leur faux communiqué, font "admettre" à la radio publique qu'elle a touché de l'argent pour licencier ces journalistes gênants pour le pouvoir : "[Le gouvernement] nous a offert des quantités invraisemblables d'argent (...) Nous portons à la connaissance du public le fait que l'entreprise MVS a été, d'une certaine manière, "achetée" pour son silence."

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