Liste des journalistes publiée ? "Seulement avec leur accord"
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Liste des journalistes publiée ? "Seulement avec leur accord"

A la recherche de la carte de presse perdue : hier soir Pascale Clark était l’invitée du Petit journal de Canal+ pour – une fois encore – défendre son droit à la carte de presse qui lui a été refusée par la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels (CCIJP). Soirée tapis rouge déroulé par l’équipe de Yann Barthès qui a cherché en vain à rencontrer la présidente de la CCIJP dont on découvre qu’elle n’est pas journaliste. Normal : la Commission est paritaire – un représentant des patrons de presse pour un représentant des journalistes – comme l’explique son ancien secrétaire général Didier Tourancheau dans une tribune publiée par Libération.

Déminer les critiques est un art : "les gens vont dire, Clark chez Barthès, Inter chez Canal, les bobos journaleux de gauche corporatistes se serrent les coudes…" commence Yann Barthès. Bien vu. On croyait en avoir fini avec l’affaire de la carte de presse de Pascale Clark… mais non. Invitée hier dans Le Petit Journal de Canal+, l’animatrice de l’émission A’live sur France Inter est revenue sur l’injustice de la décision de la commission chargée de l’attribution des cartes d’identité des journalistes professionnels, la CCIJP. Comme nous le racontions la semaine dernière, cette dernière a refusé le renouvellement de la carte de l'animatrice.

Le Petit Journal liste d'abord les privilèges de la carte de presse. Outre l’entrée gratuite dans les musées, on apprend ainsi – avec surprise – que les détenteurs de cette carte peuvent parfois prétendre à des réductions sur....l’achat d’une voiture, d’une machine à laver (15%) et à un billet gratuit annuel pour le parc de Disney. Une carte refusée il y a trois ans à une partie de l’équipe du Petit Journal qui évoque à demi-mot leur précédent différend avec la Commission. Ce qui explique le tapis rouge déroulé pour Clark ?

Feu sur la Commission, donc, et notamment sa présidente Bénédicte Wautelet qui s’est peu exprimée dans les médias hormis sur le site du JDD. D’ailleurs qui est-elle? Barthès montre sa photo et donne son pédigrée: Wautelet est avocate et directrice juridique du groupe Le Figaro. Et donc non journaliste. Circonstance aggravante : elle a refusé de rencontrer Le Petit journal comme l’explique le journaliste chargé de l’affaire – et qui a sa carte de presse lui – sur le plateau :

Une présidente non journaliste qui refuse de parler à la presse ? De quoi alimenter les soupçons d’opacité. Pourtant, rien de surprenant à voir la CCIJP présidée par une non journaliste. La commssion est paritaire, ce que ne dit pas Barthès, c'est à dire composée à moitié par des représentants des employeurs et par des représentants des journalistes. Si les premiers sont directement nommés par les organisations patronales, les seconds sont élus au sein des principaux syndicats de journalistes. Le mandat dure trois ans et la présidence change tous les ans. Cette année c’est donc Wautelet, représentante des employeurs. L’an prochain, ce sera un représentant des journalistes. Autrement dit, pour Didier Tourancheau qui fut son secrétaire général pendant huit ans et jusqu’en 2005 et publie aujourd’hui une tribune dans Libération, la CCIJP est "le joyau de la profession de journalistes" puisque "les journalistes sont la seule profession qui, tous les trois ans, mesure par mode de scrutin universel direct, l’influence exacte des syndicats dans le métier".

Et c’est peu dire que Tourancheau est colère après Clark et Patrick Cohen qui, en soutien à sa consœur, a découpé en deux sa carte de presse à l’antenne. Pour l’ex secrétaire général de la CCIJP – mais aussi ex DRH de Libé, ex directeur de l’école de journalisme de Lille, ex directeur général adjoint de Radio France et ex président de l'Association des employeurs du service public de l'Audiovisuel (ouf) – les deux stars se trompent de combat : "aurait-il été trop d’exiger de Patrick Cohen de s’en prendre à la direction de sa propre entreprise, qui organise ce désordre, plutôt que de s’attaquer à la Commission de la carte, qui ne fait que le constater ? La réponse est dans la question…" également abordée dans une chronique du matinaute.

Enfin, Clark, face caméra, s’adresse directement à la présidente de la CCIJP et lui demande de publier "la liste de tous les journalistes qui ont obtenu leur carte de presse en 2015 sans quoi on va croire qu’il y a des choses à cacher". Une demande qui a peu de chance d'aboutir. Concernant des données nominatives, la Commission, si elle souhaitait publier cette liste, serait contrainte de demander l'autorisation aux détenteurs de la carte, comme l'explique Marc Rees, journaliste de NextInpact, consulté par @si. Même position de la part de la CCIJP. Sa présidente nous fait savoir que "si tant est que la Commission vienne à considérer un jour que cette publication, sous un format numérique permettant sa régulière mise à jour, présente désormais un intérêt, elle déciderait certainement que la présence d’un journaliste professionnel sur un tel annuaire ne peut se concevoir qu’avec son accord préalable. Nous savons d’ores-et-déjà que, pour d’évidentes raisons de sécurité, des journalistes, opérant sur des théâtres de guerre par exemple, ne le souhaitent pas. Ce document serait donc nécessairement partiel. En aucun cas il n’aurait vocation à désigner les vrais des faux journalistes". Et Wautelet de rappeler que "la CCIJP, par le passé et sur le fondement du volontariat, a publié à quelques reprises un annuaire professionnel. L’expérience n’a pas perduré car la publication était obsolète dès le jour de sa parution et surtout ne répondait à aucun besoin".

Autre solution selon Rees : créer un site sur lequel les journalistes porteurs de carte s'inscriraient de leur propre chef. Une idée à soumettre à Clark ?


Mise à jour jeudi 19 mars à 12h30 : ajout de la position de la CCIJP sur la publication de la liste des détenteurs de la carte de presse.

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