Charlie : suspension d'un enseignant à cause d'une caricature ?
". En réalité, c'est surtout le comportement de l'enseignant qui aurait été sanctionné : face à un élève choqué, il lui aurait lancé "Tu peux sortir ta kalachnikov".
Un lecteur qui ne ferait que feuilleter Le Monde, sans lire l'article, pourrait s'inquiéter pour la liberté d'expression. En page 3 du quotidien daté 16 janvier, on peut lire en titre : "Un professeur de Mulhouse suspendu pour avoir montré des caricatures en classe". En sous-titre, on peut lire également que "des élèves et des parents ont été choqués par l'initiative de cet enseignant". Et en incise, un extrait de l'article donne une dernière information : "Le rectorat justifie la mesure par le souci de protéger la communauté éducative et l'enseignant lui-même". Tout ça a cause d'une caricature ?
En réalité, quand on plonge dans l'article, on comprend que ce n'est pas vraiment les caricatures mais plutôt le comportement de l'enseignant qui motive sa suspension. Selon les témoignages d'une vingtaine d'élèves de classe de 4e, le lendemain de l'attentat contre Charlie Hebdo, cet enseignant de Mulhouse aurait montré une caricature de Mahomet nu en disant aux élèves : "Vous devez regardez ça". La suite est racontée par le recteur de l’académie de Strasbourg, Jean-Pierre Gougeon : "Lorsqu’un élève a répondu “Moi, ça me gêne”, il aurait commencé à crier violemment : “Je suis le chef de mon cours, c’est moi le maître ici… Tu peux sortir ta kalachnikov !” Un dérapage qui n'aurait donc rien à avoir avec le simple fait de présenter une caricature de Charlie. "Ce n’était pas maîtrisé, c’était violent", analyse le recteur.
Pour la défense de l'enseignant, le secrétaire départemental de la FSU, Jean-Marie Koelblen, n'a pas nié que les élèves ont rapporté des faits : le prof a "balancé son sac par terre en arrivant dans sa classe" et crié qu'il était "le chef". Mais il assure, par la suite, que "des débats ont eu lieu en classe", avec des "points de vue argumentés de trois élèves". L'enseignant a été suspendu pendant quatre mois et aurait le soutien de l'équipe éducative, présentée par le syndicat comme "solidaire et très touchée par cette suspension". Dans le même temps, une enseignante, sous couvert d'anonymat, assure que cet enseignant avait eu des soucis relationnels avec des parents et des élèves : "Il est dans l'esprit Charlie Hebdo, c'est-à-dire dans la provocation, et ce n'est pas toujours très bien vécu".
Mardi déjà, la presse s'emballait (légèrement) sur ses titres : Quatre ans ferme pour apologie du terrorisme, vraiment?
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