Omniprésent dans le journal municipal de la ville, Robert Ménard ne s'est pas fait que des amis depuis son élection en mars dernier. Et ceux et celles qui ne l'ont pas élu ont désormais une tribune pour exprimer leurs désaccords et montrer un autre visage de Béziers.

"En vie à Béziers est le fruit du travail d'un collectif d'individus pour parler de toutes les forces alternatives qui oeuvrent chaque jour à vous donner envie de Béziers autrement qu'à travers des prismes extérieurs trop étroits pour ces énergies immenses". Si l'à propos de ce site au capital de 5 000 000 d'euros (on penche pour la bonne blague) est un peu vague, le premier édito, intitulé "L'état de Siège et les raisons de la Résistance", a le mérite d'être plus clair sur les raisons d'être de ce contre-journal en ligne : "Monsieur Ménard ne parle qu'en son nom... Il parle aux aigris et paranoïaques de tous poils, mais pas au nom des Biterrois qui ne l'ont élu que sur la base d'un quart d'entre eux. Tandis qu'une obstination déraisonnable sert à entretenir le cirque médiacrate, flot consternant et étouffant, nous décidons d'être notre propre bouffée de vie et d'oxygène".

Une bouffée de vie et d'oxgène qui se traduit par une majorité de billets d'humeur anti-Ménard ("La Tauromachie de Robert Ménard" ou "La peur, Menard Rien") et d'autres rubriques plus insolites (mais pas moins intéressantes) comme cette visite guidée (en musique et en vidéo), qui dénonce la propagande de la nouvelle équipe municipale, qui aime visiblement s'afficher partout en ville.

Et quand Béziers passe sur France 2, comme le 22 octobre dernier pour un premier bilan du mandat de Ménard, les contributeurs du site restent vigilants et n'hésitent pas à "fact-checker" le travail de la chaîne publique. Dans le reportage ci-dessous, France 2 se promène avec Ménard dans les rues de Béziers et tombe sur deux passantes, visiblement ravies de l'élection du nouveau maire. La parole est ensuite donnée à l'opposition qui dénonce l'imposture de la nouvelle équipe et la dérive progressive vers l'extrême droite :

"Une fermeté affichée qui semble plaire aux habitants"

Mais trop peu selon l'auteur du papier : "Côté Robert Ménard (47% des voix au second tour de l'élection municipale), 1 minute et 36 secondes réparties entre 56 secondes pour le Maire, 13 secondes pour Brice Blazy, conseiller municipal du même bord, et 25 secondes pour deux dames interrogées pour illustrer la grande popularité de la politique ménardienne. Côté opposition, 32 secondes seulement, pour 53% des voix!". Pas faux même si Blazy, dans le reportage ci-dessus, profite de ses 13 secondes pour critiquer ouvertement la stratégie du nouveau maire (qui penche selon lui de plus en plus vers l'extrême droite). Autre critique adressée aux journalistes de France 2 : le taux de chômage à Béziers, annoncé à 15% dans le reportage et qui était déjà de 22%, selon l'INSEE, en 2011.

Un contre-journal majoritairement contre Robert Ménard donc, mais pas que. Dans un autre article, l'Association Biterroise Contre le Racisme (l'ABCR) indique que, du fait de la baisse des subventions publiques, la scolarisation des enfants roms de Béziers, dont elle s'occupait depuis huit ans, est menacée. Et l'association de préciser : "L'ABCR n'est pas la seule victime de la politique d'austérité. Des milliers d'associations vont licencier. Il a été estimé à 40 000 le nombre de licenciements qui vont être causés par les suppressions de subventions publiques. Donc même si l'ancienne municipalité (Couderc/Aboud) avait tenté de s'opposer à la scolarisation des enfants roms, et avait d'ailleurs été rappelée à l'ordre par le Conseil d'Etat, ce n'est pas l'actuelle municipalité qui nous frappe, c'est le gouvernement austéritaire Hollande-Valls".

Béziers : ses reportages sur France 2, ses contre-journaux en ligne et... ses crèches ! L'occasion de relire notre papier : "Après la manif pour tous, les crèches pour tous" et de revoir notre émission : "Laïcité et crèches de Noël : on a tordu le sens de la loi de 1905".