Pénibilité : patrons malcomprenants
Brève

Pénibilité : patrons malcomprenants

Le journal de Pujadas est ainsi fait qu'aucune souffrance humaine ne lui est étrangère.

Ainsi se penche-t-il, en ouverture, sur le drame de ces patrons, menacés de plein fouet par l'arrivée des "comptes pénibilité". Au cours des négociations sur la réforme des retraites, tout le monde était pourtant d'accord : les travailleurs occupant des emplois pénibles doivent pouvoir partir en retraite avant les autres. C'est Justice. C'est Bon sens. N'importe qui en tomberait d'accord (sauf Marine Le Pen, pour qui la solution consiste à tarir l'immigration). Mais voilà. Cette pénibilité, il faut pouvoir la mesurer. Et ici commence le calvaire patronal.

Même le gouvernement de gauche en convient. "Les conditions d'application apparaissent incompréhensibles pour certains patrons", a dit Emmanuel Macron. Attention : ce n'est pas que le patronat refuse. C'est simplement qu'il ne comprend pas. Il ne suit plus. Le patronat ne comprend que les choses simples, sinon il décroche, il lui faut du soutien scolaire. "Une machine infernale : un salarié devra être traqué heure par heure" explique un malheureux, interrogé par France 2.

Mais rien ne vaut le terrain. France 2 s'est donc rendu dans une usine fabriquant du matériel de cuisine. "Ces salariés font un travail répétitif, ce qui leur permettra d'ouvrir un compte pénibilité" explique le commentaire (image d'un ouvrier, de dos). Et revoici le décrocheur de service. "Est-ce que tous les jours je vais devoir enregistrer ce que les gens ont fait ? Je ne sais pas" s'angoisse-t-il. Et le bruit ? Va-t-il être obligé de déclarer quelque chose ? "Je ne crois pas, et je n'espère pas". De toutes manières, insiste-t-il, ses "opérateurs" portent des casques de protecttion auditive (gros plan sur un casque).

Rassurons le malcomprenant : non, il ne sera obligé de rien. Seuls quatre critères, rappelle  France 2, entreront en vigueur au 1er janvier : travail de nuit, travail répétitif, horaires alternés, travail dans un milieu hyperbare (pour les autres, postures pénibles, port de charges lourdes, Valls a accordé un report à 2016). Quant aux déclarations, elles ne seront pas quotidiennes, mais, selon Marisol Touraine, annuelles (ce que France 2 ne précise pas, on ne va pas s'embarrasser de détails). Au total, deux sujets en ouverture de journal. On y a entendu des patrons. On y a vu des silhouettes d'ouvriers (marteaux-piqueurs, déménageurs). Mais France 2 ne s'est pas risqué à interroger un seul ouvrier. Trop pénible, sans doute.

 

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