Un journaliste habillé en noir, marchant dans une ville en ruines et s'adressant à la caméra : la nouvelle vidéo mise en ligne par l'EI, lundi 28 octobre, met en scène le photojournaliste britannique John Cantlie, otage de l'organisation depuis deux ans. Il avait été enlevé en Syrie avec son confrère, James Foley, décapité depuis.
Dans cette vidéo, où apparaît un drapeau de l'EI en haut à droite de l'écran comme si c'était le logo d'une chaîne, le reporter-otage explique que la bataille de Kobané est terminée et que les combattants islamistes n'ont pas battu en retraite contrairement à ce qu'affirment les Amércains pour qui les bombardements de la ville ont permis de ralentir les avancées de l'EI. Le montage a été particulièrement soigné : des images aériennes de Kobané, qui auraient été prises par un "drône de l'armée de l'EI" d'après un bandeau s'affichant sur l'écran, illustrent les propos de Cantlie.
Si France 2 et M6 ont choisi de diffuser un extrait de cette vidéo, en floutant le visage de Cantlie, pour rappeler qu'il est otage, ces deux chaînes n'ont pas la même interprétation de ces images : pour France 2, le journaliste a été contraint de faire cette mise en scène. En revanche, M6 n'en est pas sûre et se demande si Cantlie n'est pas victime du syndrome de Stockholm en ayant pris fait et cause pour l'EI, le journaliste marchant semble-t-il librement dans les rues de Kobané.
Fallait-il flouter le journaliste-otage ou pas ? Plusieurs sites d'information, dont LeMonde.fr, LeParisien.fr ou encore ParisMatch.com, ont publié des captures d'écran de la vidéo avec le visage non flouté de Cantlie.
Visage flouté ou pas, la propagande a atteint sa cible : les images de cette vidéo sont partout. Une nouvelle étape pour la propadange de l'EI, qui avait connu une soudaine médiatisation en diffusant des vidéos d'otages habillés en orange (comme les détenus de Guantanamo) et décapités. Désormais, la propagande de l'organisation s'est considérablement diversifiée, comme l'a constaté LeMonde.fr. Outre cette vidéo aux allures de reportage, l'EI a mis en ligne, en septembre, "un véritable moyen-métrage de cinquante-cinq minutes", explique le site. Sur le fond, le discours est le même : il s'agit de montrer l'étendue des moyens de l'organisation et ses succès. En revanche, "sur la forme, le film lui joue avec les codes visuels le plus modernes (saturation des couleurs, utilisation de la slow motion)". Un travail réalisé par la propre agence de production de l'EI, Al-Furqan Media Production.
L'occasion de voir notre émission sur l'EI : "Pour les occidentaux, l'Etat islamique est plus audible que Al Qaida"
Cet article est libre d’accès
En vous abonnant, vous contribuez
à une information sur les médias
indépendante et sans pub.
Déjà abonné.e ? Connectez-vousConnectez-vous