Brève

LCI : Le Monde récupère... l'info sur les suppressions de postes

La rédaction

23 septembre 2014 Maj: 23 septembre 2014

A défaut d'obtenir la chaîne, Le Monde a eu l'info sur les suppressions de postes sur LCI avant la publication du communiqué officiel. Le groupe TF1 prévoit de supprimer 58 postes de journalistes sur les 98 CDI et la transformation de LCI en une plateforme numérique vidéo. Une annonce qui met un terme aux tentatives de récupération de la chaîne par Le Monde et Le Figaro.

60% de journalistes en moins, abandon de l'info continue et de la diffusion sur la TNT. Mardi 23 septembre, la direction de TF1 a présenté aux représentants des salariés de LCI le projet de reconversion de la chaîne, après le refus du CSA en juillet de faire passer LCI sur la TNT gratuite. Et la restructuration est sévère : LCI ne va conserver que 54 personnes en CDI (dont 40 journalistes) sur un total de 247 salariés actuellement.

Avant la publication du communiqué officiel, Le Monde expliquait que LCI deviendrait "une offre d’information en vidéo destinée aux supports numériques" proposée "sous forme d’applications, sous la marque LCI". Si le CSA n'a pas encore reçu la demande officielle de suppression de la fréquence TNT, LCI sous la forme actuelle va donc disparaître. A moins que la nouvelle procédure lancée par TF1 aboutisse : parallèlement à ce plan de suppressions de postes, la chaîne a fait savoir qu'elle allait contester la décision du CSA devant le conseil d'Etat.

Une chose est sûre : TF1 a officiellement écarté les offres de reprise du Figaro et du Monde Deux offres qui avaient diversement été accueillis par la direction de la chaîne : si TF1 et Le Figaro ont multiplié les réunions pour étudier les "synergies" possibles, il semble que l'offre de reprise du Monde ait été snobée par TF1. Il faut dire que l'histoire Le Monde/LCI avait mal commencé : alors que le CSA n'avait pas encore rendu sa décision sur l'avenir de LCI sur la TNT gratuite, les actionnaires du Monde (Bergé, Niel, Pigasse) avaient fait acte de candidature pour la reprise de la chaîne dès le mois de juillet.

Une démarche que n'avait pas vraiment apprécié Nonce Paolini, lequel avait démenti un quelconque début de négociation : "Il n’y a jamais eu de conversation ni avec les uns ni avec les autres, faisait savoir TF1 au journal Les Echos. Nonce Paolini a reçu un SMS de Louis Dreyfus auquel il a répondu vertement compte tenu de la méthode employée consistant à clamer urbi et orbi leur intérêt huit jours avant la décision du CSA". Mi-septembre, les relations entre les deux groupes ne s'étaient pas arrangées : "Toutes les approches, écrites et orales [avec TF1] sont restées à ce stade sans réponse", reconnaissait Pigasse dans une interview aux Echos.

Plutôt que de vendre LCI à un groupe média concurrent, TF1 a donc préféré la réduction des effectifs et la fin de la diffusion sur la TNT. "Les propositions extérieures [de reprise] ne sont pas assez sérieuses", s'est justifié Eric Revel, le directeur de LCI. Ce que conteste formellement le PDG du Monde, Louis Dreyfus : "Il y a eu une offre formelle signée par un des trois actionnaires afin de montrer l'implication personnelle dans ce dossier, a-t-il déclaré à Libération. Il y avait une seule condition suspensive: pouvoir avoir accès aux comptes, ce que TF1 a refusé. L'offre prévoyait la reprise de l'ensemble de la rédaction de LCI". Et celui-ci d'ajouter : "TF1 a choisi l'option de la terre brûlée et s'apprête à détruire une rédaction : c'est incompréhensible".

Dans un communiqué publié plus tard dans l'après-midi, Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse ont réagi à l'annonce de TF1. Ils se déclarent "surpris" par cette décision, rappellant que leur proposition, restée sans réponse, est toujours valable et prévoyait la reprise de l'intégralité des effectifs. "Compte tenu des enjeux sociaux, il est regrettable qu'aucun échange d'aucune sorte n'ait pu avoir lieu avec le groupe TF1", concluent les trois actionnaires qui se disent "à la pleine disposition du groupe TF1, des salariés de LCI et du CSA pour en discuter et finaliser le projet".

MAJ 17h44 : ajout du communiqué.

L'occasion de lire notre enquête : "Turbulences sur LCI, victime de la crise de la pub"