Foot / Bastia / OM : bilan blessés exagéré ?
44 ? Selon le ministère de l'intérieur, cité par l'AFP, 44 CRS (soit plus qu'un quart d'une compagnie) auraient été victimes de blessures lors d'affrontements avec les supporters corses avant et après le match Bastia/OM (3-3) pour la première journée de Ligue 1 qui se déroulait le 9 août. Un chiffre qui n'a surpris apparemment aucun média web, puisque la plupart des sites de presse ont repris la dépêche de l'AFP qui l'annonçait. C'est le cas du JDD.fr, de Franceinfo.fr, Nouvelobs.com, RMC.fr...
Dans cette dépêche, datant du 10 août, l'AFP écrivait quelques heures après le match : "Quarante-quatre policiers et gendarmes ont été "blessés ou contusionnés" samedi soir lors de violences en marge du match entreBastia et Marseille en ouverture de la Ligue 1". Un chiffre annoncé par le ministère de l'Intérieur. Lequel précisait que "dix fonctionnaires des Compagnies Républicaines de Sécurité, 34 gendarmes mobiles ont été blessés ou contusionnés et huit d'entre eux soignés à l'hôpital" lors de ces violences survenues aux abords du stade de Furiani (Haute-Corse), précise l'Intérieur dans un communiqué".
Mais deux jours plus tard, une source policière, citée par le correspondant du Monde à Bastia, relativise ce bilan : les urgences hospitalières de Bastia n'auraient enregistré que 8 membres des forces de l'ordre, traités pour des problèmes d'acouphènes suite à l'explosion de pétards à taupinières, dits "bombes agricoles". Il y aurait également eu "quelques légères contusions et une suspicion de fracture écartée après un examen radiologique".
On est loin du chiffre annoncé initialement. Sur son blog du Monde.fr, le rédacteur en chef des Cahiers du Football, Jérôme Latta, déplore le traitement médiatique de l'affaire : "la nature de cette médiatisation et ces réactions a, de nouveau, de quoi désespérer", écrit-il. Encore une fois, si ces violences sont déplorables et témoignent de problèmes récurrents dans le contexte des rencontres organisées au stade Armand-Cesari de Furiani, encore faudrait-il se donner la peine de démêler les responsabilités en évitant la mobilisation mécanique de stéréotypes. Que les médias en présentent une version des faits à la fois erronée, partielle et caricaturale – notamment au travers des amalgames entre supporters, ultras et hooligans – constitue en soi un problème majeur. Que les pouvoirs publics en fassent de même est plus grave encore". |
Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a immédiatement condamné les violences envers les forces de l'ordre et appelé la Ligue de Football Professionnel et son président Frédéric Thiriez à "tirer les conséquences de ces violences." Une question se pose : en aurait-il été autrement si le vrai bilan des affrontements avait été directement annoncé ?
(Par Vincent Boyajean)
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