Mise à jour de 10h56 : Euh… en fait… Richard Matheson est mort il y a un an, le 23 juin 2013 !
Considérons donc qu'il s'agit là d'un article anniversaire… (ça pour une boulette c'est une boulette !)

Richard Matheson fut un prolifique écrivain de romans, de nouvelles et de scénarios. Son texte le plus célèbre est I Am Legend (Je suis une légende) paru en 1954 aux États-Unis et en 1955 en France, dans la collection Présence du futur des éditions Denoël.

Cette histoire du dernier homme sur Terre confronté à des vampires fut par trois fois plutôt maladroitement adaptée au cinéma. En 1964 d'abord, sous le titre The Last Man on Earth par Ubaldo Ragona et Sidney Salkow avec Vincent Price dans le rôle principal. Matheson collabora au scénario mais n'approuva pas la version finale de cette bobine, qui prend un peu trop de libertés avec le texte original.

George A. Romero s'inspira du roman et de ce film pour Night of the Living Dead (La Nuit des Morts-vivants).

La deuxième adaptation de I Am Legend s'intitule The Omega Man (Le Survivant). Parue en 1971, elle est l'oeuvre de Boris Sagal et Charlton Heston y incarne le personnage principal. Ce film est sans conteste un épouvantable nanar qui restera cependant dans l'Histoire américaine pour avoir montré, outre-Atlantique, le premier baiser entre un homme blanc (Charlton Heston) et une femme noire (Rosalind Cash). Brrr !!!

La troisième adaptation de I Am Legend est le film de Francis Lawrence sorti en 2007, avec Will Smith. Encore raté.

Richard Matheson est aussi l'auteur d'un deuxième roman faisant désormais partie des classiques : The Shrinking Man (L'Homme qui rétrécit). Le livre parut en 1956 aux USA, fut adapté l'année suivante au cinéma par Matheson au scénario et Jack Arnold à la mise en scène. Il prit alors le titre de The Incredible Shrinking Man, utilisé pour les éditions ultérieures du livre.

Mais le texte le plus étonnant, le plus fort de Richard Matheson est probablement la courte nouvelle qui l'a révélé en 1950 : Born of Man and Woman. Parue dans The Magazine of Fantasy & Science Fiction, elle fut éditée en France en 1955 sous le titre Le Journal d'un monstre. On la retrouve dans le volume Histoire de mutants paru en 1974 dans La Grande Anthologie de la Science-Fiction dirigée par Gérard Klein, au Livre de Poche Hachette. Plus tard, la nouvelle sera retraduite sous le titre Né de l'homme et de la femme.

Le Journal d'un monstre est l'un des textes les plus terribles qu'on puisse lire, trois pages impitoyables qui commencent ainsi :

« X – Aujourd’hui maman m’a appelé monstre. Tu es un monstre elle a dit. J’ai vu la colère dans ses yeux. Je me demande qu’est-ce que c’est qu’un monstre.

Aujourd’hui de l’eau est tombée de là-haut. Elle est tombée partout j’ai vu. Je voyais la terre dans la petite fenêtre. La terre buvait l’eau elle était comme une bouche qui a très soif. Et puis elle a trop bu d’eau et elle a rendu du sale. Je n’ai pas aimé.

Maman est jolie je sais. Ici dans l’endroit où je dors avec tout autour les murs qui font froid j’ai un papier. Il était pour être mangé par le feu quand il est enfermé dans la chaudière. Il y a dessus FILMS et VEDETTES. Il y a des images avec des figures d’autres mamans. Papa dit qu’elles sont jolies. Une fois il l’a dit.

Et il a dit maman aussi. Elle si jolie et moi quelqu’un de comme il faut. Et toi regarde-toi il a dit et il avait sa figure laide de quand il va battre. J’ai attrapé son bras et j’ai dit tais-toi papa. Il a tiré son bras et puis il est allé loin où je ne pouvais pas le toucher.

Aujourd’hui maman m’a détaché un peu de la chaîne et j’ai pu aller voir dans la petite fenêtre. C’est comme ça que j’ai vu la terre boire l’eau de là-haut. »

Trois pages inoubliables, aisément dénichables sur le ouèbe. Mais rien ne vaut un vrai livre en papier…

Richard Matheson fut également l'auteur de Hell House (La maison des damnés)…

… de nombreux scénarios pour les séries télévisées Twilight Zone (La quatrième dimension) et Star Trek. Il a également écrit une nouvelle intitulée Duel qu'il a adaptée en scénario pour la télévision. Ce téléfilm, signé Steven Spielberg, remporta le Grand Prix du Festival international du film fantastique d'Avoriaz. Une version longue sortit dans les salles de cinéma en 1973.

Stephen King, qui doit à Richard Matheson son style limpide et ses scénarios parfaitement huilés, lui a ainsi rendu hommage sur son site. Extrait :

« Il a enflammé mon imagination en plaçant ses histoires d'horreur non pas dans des châteaux européens et des univers à la Lovecraft, mais dans des décors américains que je connaissais, qui m'étaient familiers. Voilà ce que je veux faire, me suis-je dit, il le faut. Matheson m'a montré la voie. (…) Je pleure sa perte. Une voix américaine unique s'est tue. »

L'occasion de lire ma chronique intitulée La poétique des ruines dans laquelle il est notamment question de Je suis une légende.