La route qui traverse la Bretagne sans la traverser
Brève

La route qui traverse la Bretagne sans la traverser

Hollandisme paradoxal, suite. Après la fusion qui atomise

(à la SNCF, regardez donc notre interview du cheminot-blogueur Sylvain Bouard, dans notre dernière émission), voici donc, dans la droite ligne du "Léonarda, et elle seule", l'écotaxe qui touche la Bretagne sans la toucher, et la traverse sans la traverser. Dans la nouvelle cartographie revue et diminuée des routes affectées du nouveau "péage de transit"', dévoilée le week-end dernier par Ségolène Royal, la Bretagne est désormais "épargnée". Toute entière ? Non. Un portique a résisté encore et toujours aux manifs des Bonnets rouges : l'axe Caen-Rennes-Nantes sera taxé. Echange surréaliste, hier matin, entre Royal et Patrick Cohen. Cohen : "mais Rennes est bien en Bretagne ?" Royal : "ça ne traverse pas la Bretagne. C'est l'axe Nord-Sud". Il faut donc redéfinir le concept même de "traversée", qui ne doit plus s'appliquer qu'horizontalement. Au-delà de toutes les explications rationnelles, le motif est toujours le même : pouvoir assurer (aux Bretons) que la péninsule est "épargnée" (de cette calamité naturelle qu'est un impôt écolo), tout en proclamant aux autres que le gouvernement n'a pas cédé aux Bonnets Rouges.

Ce matin, rebelote : les ABCD de l'Egalité ne seront pas généralisés. Les informations de L'Express étaient donc exactes. Cependant, croyait savoir Thomas Legrand sur France Inter, le gouvernement ne renonce pas à enseigner la déconstruction des stéréotypes sexuels (qui eût imaginé pareille capitulation ?) On y reviendra plus tard, par exemple en intégrant cette lutte contre les stéréotypes au fameux "socle commun des connaissances et des compétences", qui se découvre là une nouvelle utilité (notre émission sur ce "socle" ici, et son utile complément).

Même si le gouvernement se garde bien de le théoriser, Hollande, jour après jour, dossier par dossier, construit ainsi une méthode de gouvernement, par l'ambiguïté, la dissimulation, et l'antiphrase. On n'est pas exactement dans le fameux "la paix, c'est la guerre", de 1984, mais plutôt dans un "la paix, c'est la guerre qui est la paix", qui sophistique le dispositif. Ses ressorts ne sont pas, en eux-même, méprisables : la recherche du consensus, l'obsession d'éviter les vaines et épuisantes campagnes d'insultes qui furent la marque du sarkozysme, sont un service rendu à la psychologie collective. Mais on voudrait être certain que ces louvoiements sont au service d'un grand objectif, même masqué, dans la ligne du "La finance c'est l'ennemi", de la campagne. Ah, comme on crierait (silencieusement) : vas-y François, avance masqué, c'est pour la cause ! Le problème, c'est qu'on est à peu près certains du contraire.

Ceci n'est pas une traversée de la Bretagne

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