Ceci n'est pas un intermittent nu
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Ceci n'est pas un intermittent nu

Aurélie Filippetti et un intermittent se font face
, et discutent. Un détail : l'intermittent est nu, au milieu d'autres intermittents nus. Filippetti allait visiter le familistère de Guise (Aisne), quand elle est interpellée par une troupe d'intermittents (essentiellement masculins) tous nus, façon calendrier de pompiers, ou de rugbymen. L'un d'eux se désigne naturellement comme le porte-parole. La scène est filmée par un journaliste de L'Union (édition des Ardennes). Imaginez, lecteur, lectrice, que vous soyiez ministre de la Culture, et soudain interpellé (e) par une troupe de contestataires nus. Sans doute manifesteriez-vous surprise, amusement, nervosité, bref quelque chose. Sans doute éprouveriez-vous le besoin, par quelques onomatopées plus ou moins articulées, d'exprimer l'étrangeté, l'incongruité, l'indécence, la beauté, la poésie surréaliste de la situation.

Mais pas Aurélie Filippetti. Aurélie Filippetti est cette crétaure surhumaine qui, sur le chemin du familistère, peut discuter sur la place de Guise avec un intermittent nu, au milieu d'un aréopage d'officiels cravatés, de policiers, et d'intermittents nus, en le regardant droit dans les yeux (j'ai bien dit, dans les yeux). Et on ne regarde que ça, les yeux de Filippetti, va-t-elle les baisser le long du corps de son interlocuteur ? "Vous savez on a travaillé avec les parlementaires pendant dix mois. Une mission qui est confiée à un médiateur, Jean-Patrick Gille. Moi je comprends bien vos inquiétudes, hein..." Va-t-elle baisser les yeux ? En éprouve-t-elle humainement la tentation ? L'intermittent, au sujet du médiateur : "Il a dit que c'est les partenaires sociaux, il n'y peut rien". "Non, il n'a pas dit ça". "C'est pas ce qu'on a entendu". Autrement dit, ça dialogue vraiment, authentiquement, comme si on était autour d'une table, avec des blocs et des bouteilles d'eau, et habillés. "Moi , je suis intervenue très fermement, je ne sais pas si vous le savez...". "Absolument" "...en disant que le différé, ça n'allait pas". On est entre interlocuteurs qui se respectent, ministre très ferme contre nudiste responsable, testant la capacité de l'Etat à regarder le problème au fond des yeux.

Et le petit jeu magrittien du Ceci n'est pas un intermittent nu se poursuit, si longtemps que l'oeil, le nôtre, finit par s'égarer vers ce policier (en uniforme), qui assiste tranquillement à l'échange. Si tranquillement, avec tous ses collègues. Sans manifester aucune nervosité, rien qui laisse penser que l'échange présente le moindre risque de débordement. Remarquable, tout de même, cette placidité des policiers de Guise (Aisne). A moins que. Tiens, en zappant (clic clic) on apprend que Filippetti, au cours du même déplacement, a refusé de recevoir une autre délégation de manifestants, des salariés du Conseil général (avec bâillon), qui souhaitaient exprimer leurs légitimes inquiétudes sur la prochaine suppression de leur assemblée. Mais alors ? Si elle a refusé de recevoir les uns, et dialogue avec les autres, ne serait-ce pas qu'elle a préalablement accepté de dialoguer avec les intermittents, devant les caméras ? D'où la placidité des policiers. Et si elle l'a accepté, n'est-ce pas qu'elle entend en tirer un bénéfice politique, par exemple un argument dans une renégociation de l'accord contesté sur les intermittents (toutes nos explications sur le dossier sont ici) ? Ce ne sont que des hypothèses, bien entendu. Des hypothèses qui viennent, tandis que l'oeil vagabonde, des yeux de la ministre à ceux de l'intermittent (j'ai bien dit les yeux).

Mise à jour, 11h. De vigilants internautes me font remarquer à juste titre que l'intermittent porte-parole, s'il était entouré de confrères nus, portait lui-même un jean, ce que l'on voit sur d'autres photos. Enfer et malédiction du montage et du cadrage. Et pardon à tout le monde, à la ministre, aux nudistes, et aux autres.

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