Européennes : éloge de Valls (tout arrive)
Brève

Européennes : éloge de Valls (tout arrive)

Il ne faut pas trop mésestimer Manuel Valls qui, en promettant dès lundi matin de nouvelles baisses d'impôts, a sans doute saisi l'essentiel du vote de dimanche.

Au-delà de la certes spectaculaire victoire du FN (en suffrages exprimés), le vote pour le Parlement européen, en France, est surtout une victoire de l'abstention. Et cette abstention n'exprime, à l'égard de l'Europe et de son Parlement, ni enthousiasme ni rejet, mais surtout une vertigineuse indifférence (largement justifiée, regardez donc notre émission de cette semaine).

La réalité du hollandisme, pour le coeur de son électorat, c'est surtout une hausse, parfois tout aussi vertigneuse, de l'impôt sur le revenu. Et j'imagine que cette hausse a davantage fait pour l'abstention, que toutes les propagandes europhobes ou eurogagas. La perspective de voir Schulz, plutôt que Juncker, succéder à Barroso, n'a sans doute pas suffi à équilibrer une sorte de ras le bol fiscal, qui n'ose pas toujours s'avouer chez l'électeur PS. Impôts, prix du gaz, de l'électricité, restent parmi les principales motivations électorales. La réaction de Valls -puisque vous boudez, on va baisser vos imôts- est donc absolument cynique, à l'imagine du politicien sondocentré qu'il est, mais totalement politique. Si ce cynisme nous dégoûte, soyons cohérents : finissons-en avec le suffrage universel.

Ce qui ne signifie pas que ce vote sera sans conséquence. Baisser les impôts, c'est faire sauter le verrou des 3% de déficit. Sans doute, s'il a le sens des priorités, sera-ce la manoeuvre de Hollande dans les jours qui viennent : obtenir de Juncker, en échange du soutien de la France, la promesse de pouvoir faire sauter, par un moyen ou un autre, officiellement ou en douce -les imaginations sont fertiles- ce maudit verrou. Merkel pèsera sans doute en sens inverse, mais ce n'est même pas certain, les complexités de la "grande coalition" étant ce qu'elles sont. Le match finira peut-être par faire éclater l'euro, mais ce n'est pas certain non plus. Comme toujours, l'Histoire n'est pas écrite. La seule chose certaine, c'est qu'elle s'accélère.

Et Le Pen, matinaute ? Rien à dire sur Le Pen ? Non. Même pas peur. "Va la France. Va ma belle patrie. Allez les travailleurs, ressaisissez-vous..." : si émouvant soit-il, je ne partage pas le sanglot lyrico-patriotique de Mélenchon. La France n'est pas tombée amoureuse de Le Pen, Aliot et Philippot, (pas davantage qu'il n'y a de "vague brune" en Europe, Danemark et Royaume-Uni mis à part). L'étonnant, vu le climat, notamment médiatique, c'est plutôt que le FN marinisé, ripoliné, ne rassemble que 10% des électeurs français. C'est, pour la suite, une raison de ne pas (trop) désespérer.

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