Le Dahlia noir, infatigable générateur d'images
Brève

Le Dahlia noir, infatigable générateur d'images

Dans la presse ces jours-ci, cette affiche pour la 10e édition du festival Quais du Polar qui se tiendra à Lyon du 4 au 6 avril prochains :


Citation évidente de l'affiche du Dahlia noir, bobine de Brian De Palma sortie en 2006…


Mise à jour, 18h25 : Elle-même citation voire emprunt, nous rappelle un @sinaute, de l'affiche de Six Feet Under :



Le film de De Palma est une adaptation du roman de James Ellroy paru en 1987 :

édition française parue en 2006


Lequel n'a pas du tout, paraît-il, aimé cette bobine. Peut-être appréciera-t-il en revanche cette toute première adaptation BD publiée en 2013 parMiles Hyman, très talentueux illustrateur amerlocain vivant en France :


Voici quelques-unes de ses planches, en couleurs d'abord puis en noir et blanc. Après plusieurs essais avec des encres de couleurs, la mise en couleurs fut effectuée sur ordinateur :

La planche de droite, dont le dessin est différente de celui la page finale,
est un essai de mise en couleurs aux encres

Le policier au centre de la case 2 a été redessiné


Le Dahlia noir d'Ellroy s'inspire d'un fait réel, l'assassinat d'Elizabeth Ann Short dont le corps fut retrouvé coupé en deux dans un terrain vague de Los Angeles, en 1947. Sa bouche, également, fut tailladée en un sourire atroce. L'affaire n'a jamais été résolue mais, en 2003, un détective privé ancien inspecteur des Homicides de L.A. nommé Steve Hodel publiait un livre intitulé Black Dahlia Avenger : A Genius for Murder (L’Affaire du Dahlia noir)…

Édition revue et corrigée parue en 2006

Édition française


…dans lequel il affirmait que son père, chirurgien, serait un meurtrier en série dont l'une des victimes serait Elizabeth Ann Short, le Dahlia noir. George Hill Hodel était ami avec Man Ray, tous les deux se livraient, affirme Hodel, à des orgies sexuelles ; l'auteur tisse donc des liens entre les mutilations subies par Elizabeth Ann Short et deux oeuvres de Man Ray, Le Minotaure et À l'heure de l'observatoire - les amoureux :

Le Minotaure par Man Ray, 1933

À l'heure de l'observatoire - les amoureux
par Man Ray, 1932-1934


Ces oeuvres, réalisées environ treize ans avant le meurtre, seraient donc, selon Steve Hodel, liées à l'assassinat du Dahlia Noir. Mouais. Rappelons que les lèvres flottantes de L'observatoire sont celles de Lee Miller avec qui il avait été très lié, cet immense tableau étant une manière d'exorciser la difficile séparation :

Lee Miller par Man Ray, 1930

Quadrillage réalisé par Man Ray, utilisé pour réaliser
À l'heure de l'observatoire - les amoureux


« Les lèvres rouges flottaient dans un ciel bleu-gris, au-dessus d'un paysage crépusculaire où l'on voyait, à l'horizon, un observatoire et ses deux dômes, comme des seins, à peine suggérés dans la pénombre. C'était une impression que je gardais de mes promenades quotidiennes dans les jardins du Luxembourg. Probablement à cause de leurs dimensions, les deux lèvres ressemblaient à deux corps enlacés. C'était très freudien. » (Man Ray, Autoportrait, Actes Sud, 1998, pp.334-35) Source.

Un roman de Romain Slocombe intitulé Sexy New York reprend en 2010 la piste de la participation de Man Ray au meurtre du Dahlia noir :



Une occasion inespérée de lire sans fausse honte ma chronique intitulée Le sourire de Bettie Page.

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