Pierre Rabhi, la douceur subversive
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Pierre Rabhi, la douceur subversive

Rabhi chez France Inter. Ou plutôt, France Inter chez Pierre Rabhi.

Avec toute sa majestueuse caravane Cohen-Lefébure-Legrand, le 7-9 de France Inter fait étape en Ardèche, chez Pierre Rabhi, l'homme de la décroissance et de la sobriété heureuse (Maja Neskovic lui avait rendu visite au milieu de ses poules en 2012, l'émission est ici). Après une semaine de vadrouille, de Saint-Nazaire à Issoire, en passant par Saintes, c'est un prodigieux voyage de la radio nationale vers le minuscule, le micro-local. On en voit bien l'idée directrice : tuer dans l'oeuf les accusations latentes de parisianisme, de déconnexion, de pratiquer le journalisme assis, dans le confort des studios. Il s'agit d'aller, par une semaine de vadrouille par monts et par vaux, se recharger en légitimité, comme Catherine de Medicis emmena dans un grand tour de France son fils Charles IX, pour lui présenter ses sujets (la vadrouille dura alors plus de deux ans). Quelques années plus tard, c'est le même roi qui autorisait la Saint Barthélémy, comme quoi la pratique du terrain n'est pas l'antidote absolu à la folie. Mais passons.

Ne jouons pas les grincheux, c'est une excellente idée. Autres discours. Déconnexion radicale. Et cure forcée de décroissance appliquée à l'info. Car oui, c'est à notre addiction à l'actualité, qu'il faudrait appliquer les principes de la décroissance. Avons-nous réellement besoin de plus d'un quart d'heure d'information par jour ? De connaître immédiatement, dans la seconde, la réaction de Copé, la réponse de Taubira ? Une synthèse hebdomadaire, bien présentée, joliment assaisonnée (car la sobriété a le droit d'être heureuse) ne serait-elle pas suffisante ?

Et donc, Rabhi fait du Rabhi. Vacuité de la compétition, stupidité de la course aux armements, ignominie du saccage des ressources naturelles : dix minutes de lavage des cerveaux encrassés par les particules fines de la malinfo, musique tellement inhabituelle dans la compétition habituelle des Matinales radio. Cohen le laisse trotter en liberté, avec de petits cris d'émerveillement comme un enfant devant les chèvres du jardin d'acclimatation et, en conclusion des dix premières minutes : "vous avez un ton qui peut être celui d'un sage, même si la parole est subversive. Qu'est-ce qui vous met en colère ?" Formidable, ce "même si". Aux yeux de Patrick Cohen, le subversif est forcément en colère. Le subversif produit des "coups de gueule" calibrés, éructe à l'antenne, fracasse la compétition des décibels. Et si c'était justement cette douceur, qui était subversive ?

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