Paris : l'affaire des cadenas
Brève

Paris : l'affaire des cadenas

Les grilles du pont des Arts à Paris sont, depuis 2008, recouvertes de cadenas accrochés par des amoureux qui y inscrivent leurs prénoms, puis jettent la clé dans la Seine. Comme c'est romantique ! Comme c'est charmant ! Quelle belle preuve d'amour ! Sauf qu'il s'agit d'une pollution visuelle qui envahit maintenant d'autres ponts parisiens, et qui est en outre un danger pour la sécurité de chacun. Conscientes de ces problèmes, deux Américaines à Paris viennent de lancer une pétition.


Elles s'appellent Lisa Taylor Huff et Lisa Anselmo, se connaissent depuis trente ans, sont américaines depuis toujours et parisiennes depuis quelques années. L'une d'elles a épousé un Français et possède la double nationalité, toutes deux paient leurs impôts en France. Comme nombre de Parisiens, elles ont vu les "cadenas d'amour" envahir lentement les grilles du pont des Arts. Ce pont, ou plutôt cette passerelle, trait d'union entre l'Institut de France et la cour carrée du Louvre, fut bâti en 1804.

Le pont des Arts par Stanislas Lépine, 1875



Sous le pont des Arts par Julius Paulsen, 1910

Le pont des Arts par Pierre-Auguste Renoir, 1867


Fragile, il sera fermé en 1977 puis détruit avant que d'être reconstruit, sera de nouveau accessible aux piétons à partir de 1984. Les cadenas s'y accrocheront à partir de 2008.




Des cadenas, des cadenas, encore des cadenas. « On ne sait où cela s’arrêtera puisque le pont étant quasiment plein, on accroche des cadenas aux cadenas ou même à des antivols de vélos, les couches progressent désormais vers l’intérieur du pont », écrivait récemment Didier Rykner dans La Tribune de l'Art.


Photo La Tribune de l'Art


Le poids de ces couches de cadenas détruisent les grilles qui s'effondrent en laissant apparaître des trous béants ; des cadenas s'accrochent maintenant aux lampadaires ; des graffiti envahissent les rambardes ; invisibles, des milliers de clés tapissent le lit du fleuve.



Les bouquinistes, qui vendent eux aussi des cadenas, sont complices des vendeurs à la sauvette. D'autres ponts parisiens sont également atteints, précisent Lisa Taylor Huff et Lisa Anselmo qui se sont regroupées sous l'appellation commune NoLoveLocks :

 


Ce sont le Pont Neuf, le pont de l’Archevêché derrière Notre-Dame, le pont Alexandre III aux abords du Grand Palais, la passerelle Léopold-Sédar-Senghor (anciennement Solférino) à hauteur des Tuileries et la passerelle Simone de Beauvoir entre les ponts de Bercy et de Tolbiac.

Sur le Pont Neuf, à proximité de la statue d'Henri IV

Sur le pont de l'Archevêché

Là aussi, cadenas et graffiti dénaturent les édifices. Aussi les deux Lisa viennent-elles d'adresser au Maire de Paris une pétition intitulée Interdisons maintenant les « cadenas d’amour » à Paris ! Sauvons nos sites historiques.

En espérant que la municipalité, qui jusque-là a laissé faire, réagira enfin.



« Nous savons bien que le tourisme est très important pour Paris, et nous ne sommes pas anti-amour ou anti-tourisme ; nous pensons juste qu'il y a sûrement un meilleur moyen pour les gens d'exprimer leur amour et de se créer des souvenirs romantiques que d'abîmer les ponts, un moyen qui ne gâche pas notre vue et notre qualité de vie à tous », nous a confié Lisa Taylor Huff. Puisse-t-elle être entendue !


NoLoveLocks a son blog en anglais (et de plus en plus en français), son compte Facebook, son compte Twitter.
La pétition est accessible par ici en français et par là en anglais.


Sauf mention contraire, toutes les photos sont © ma pomme.


L'occasion de lire ma chronique intitulée Le Baiser de l'Hôtel de Ville, so romantic.

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