Russie : chaîne d'opposition privée de diffusion
La sanction est confirmée. Le Service Fédéral de Surveillance de Communications, Technologie de l'information et Mass-médias (ou Roskomnadzor, l'équivalent du CSA) a jugé que les opérateurs de télécommunications, qui ont décidé de retirer la chaîne de télévision indépendante Dojd de leurs grilles, étaient dans leur droit. Par cet intermédiaire, le pouvoir russe s'assure que ces voix dissidentes ne soient plus diffusées en "masse". Saisi par le Conseil des Droits de l'Homme du Kremlin, le Roskomnadzor a donc indiqué qu'il n'avait trouvé "aucune preuve d'actes répréhensibles et [qu'il] ne procédera à aucune inspection inopinée des opérateurs."... ...rapporte le site du Moscow Times. Sans se mouiller et comme attendu, l'organe de l'État russe confirme que "la décision de diffuser une chaîne, ou non, dépend uniquement des «relations économiques entre les chaînes et les opérateurs en question»" et qu'il n'a donc pas les compétences pour condamner les opérateurs. |
Le 26 janvier dernier, lors de la journée de la commémoration de la fin du blocus de Leningrad (Saint-Pétersbourg), la chaîne Dojd avait créé la polémique en publiant un sondage provocateur: "Aurait-il fallu livrer Leningrad [aux nazis] afin de sauver des milliers de vies ?". Sujet des plus sensibles puisqu'entre septembre 1941 et janvier 1944, plus de 700 000 soldats et citoyens soviétiques sont morts pour faire barrage aux nazis...
Tollé sur les réseaux sociaux et vives réactions de nombreux officiels russes. L’un d’entre eux, le député Alexeï Makarov a jugé ce sondage "une diversion provocatrice qui ciblait avant tout les cerveaux du public le plus important - les jeunes", et....
...le ministre de la Culture, Vladimir Medinski, sur Twitter a commenté : "Je ne sais pas quoi dire. Ce ne sont pas des humains, ils sont inhumains".
Et cela même si la question n'est pas restée plus de douze minutes en ligne, que la chaîne s'est excusée, et que la société détentrice de Dojd n'a pas été poursuivie pénalement. Il faut dire que la chaîne est, par ailleurs, critique à l'égard du pouvoir russe.
Aujourd’hui, Dojd continue de diffuser sur son site Web, l'abonnement annuel est de 1 000 roubles (20,50 euros), précise le Moscow Times. Cet épisode symbolise la crainte par le pouvoir russe de la télévision et de sa large diffusion, une crainte plus forte que par rapport à la presse papier, lue en grande partie par un microcosme moscovite. "Clément", leRoskomnadzor "n'a pas jugé bon d'émettre un avertissement malgré le manquement de la chaîne au droit des médias", confirmant les déclarations de son porte-parole, Vadim Ampelonski : "Nous n'avons pas trouvé d'infractions objectives qui devraient conduire à quelque sanction", a-t-il précisé à l'AFP, le 30 janvier dernier.
Par Antoine Boyet
À retrouver: "Russie: offensive contre une télé trop libre"
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