Bosnie-Herzégovine : des medias dans les émeutes
Brève

Bosnie-Herzégovine : des medias dans les émeutes

Des dizaines de milliers de personnes manifestent depuis une semaine, dans une demi-douzaine de villes de Bosnie-Herzégovine. Ils protestent contre le chômage, la pauvreté et la corruption tout en demandant la démission du gouvernement. Des bâtiments officiels dont une aile du palais présidentiel à Sarajevo, ont été incendiés ou mis à sac. Face à ce mouvement incontrôlé, les médias sont sur la sellette.

"Niksic ne démissionnera pas !", titre aujourd'hui le quotidien Dnevni avaz. Lundi 10 février, un millier de personnes ont manifesté à Sarajevo en demandant la démission du Premier ministre de la fédération de Bosnie Herzégovine, Nermin Niksic. Au menu des mécontentements : un fort taux de chômage (+de 40%), corruption, pauvreté. La révolte dure depuis une semaine et les affrontements ont déjà fait plus d'une centaine de blessés chez les policiers et plus d'une trentaine chez les manifestants. Tout est raconté en détail par le Courrier des Balkans.

Niksic a accepté le principe d'élections anticipées, mais a exclu de démissionner. "La rue, avec tout le respect que je dois aux manifestants, ne peut pas décider de la vie politique", a-t-il déclaré.

Dnevni avaz, principal quotidien du pays, est dans une position particulière, car il appartient à Fahrudin Radoncic, ministre fédéral de la Sécurité, leader du parti SBB, et homme d'affaires (batiment et construction), qui a créé ce journal en 1995. Radoncic possède plusieurs magazines et une chaîne de télévision, Alva.

Accusé de laisser faire les manifestants, par Bakir Izetbegovic, leader du grand parti musulman SDA, Radoncic a répondu qu'il n'était pas en charge de la coordination des forces de police. Sur la chaîne privée TV1 il a critiqué "un pouvoir incompétent qui dirige depuis vingt ans" et rappelé "J'avais dit il y a quelques mois que si l'Etat ne provoque pas un tsunami contre la corruption, alors on va avoir un tsunami citoyen. Et bien, c'est ce qui s'est passé"

Dnevni avaz mardi 11 février 2014

Ces manifestations ont été aussi l'occasion de prendre les médias à parti. L'attitude des médias face aux manifestations varie; elle reflète la complexité de la situation du pays très divisé, comme le montre notamment l'exemple de Fahrudin Radoncic.

«En Bosnie, des hooligans? En Syrie des insurgés? En Ukraine des manifestants?» «Allez vous faire foutre en trois langues» «Les manifestants ne sont pas des hooligans» disent les 3 affiches

"Propagande officielle en Bosnie-Herzégovine: des médias au service de la classe politique" titre une analyse tirée du site Kontra Press et partiellement traduite en français par le Courrier des Balkans.

"Pourtant certains quotidiens, loin de qualifier de simples vandales les manifestants qui demandent le départ du gouvernement : Dnevni Avaz a titré "La révolte des citoyens" tandis que Oslobodjende titrait "Le printemps bosnien !"

Kontra Press critique les "pseudo-journalistes" qui "cherchent à «calmer la situation», à retourner l’opinion publique contre les manifestants, à détourner l’attention et avant tout à assurer le maintien du statu quo politique. Les journaux télévisés relatent les évènements en parlant de «vandalisme» et en montrant des photographies choquantes. Seuls les réseaux sociaux servent d’antidote à la désinformation."

Mais, il n'y a pas que les grands médias qui montrent les dégâts; une page Facebook qui appelle à manifester montre elle aussi des immeubles incendiés (ci-dessous à gauche). Sur Twitter, on trouve aussi des dénonciations de violences policières. En témoigne, cette photo qui aurait été prise le 7 février et montrerait un policier déséquilibrant un manifestant qui tombe dans la rivière Miljacka.

Ce mouvement a démarré en ligne. Tout a commencé à Tuzla, mercredi dernier, après un appel lancé sur Facebook "50 000 ljudi na ulice za bolje sutra. Pridru Eite nam se." («50 000 personnes dans la rue pour un meilleur avenir. Rejoignez-nous»)

Le mouvement s'est répandu sur Twitter via les mots-clés

Sur ces photos, diffusées sur cette page Facebook, le 7 février, on voit au pied des policiers, des peluches, des Lego, lancés par les manifestants qui veulent montrer aux forces de l'ordre qu'ils ne leur en veulent pas. Mais la situation va ensuite dégénérer.

Finalement ce bâtiment officiel de Tuzla a brûlé : vitres cassées, dossiers et ordinateurs jetés par les fenêtres comme le montrent les images ci-dessous diffusées sur cette même page Facebook. Ces incidents ont été suivis d'affrontements avec la police, tandis que certaines unités semblaient au contraire approuver les manifestants.

De Tuzla, le mouvement s'est étendu à plusieurs villes comme Zenica, Mostar, et Sarajevo.

Sarajevo dimanche

Comparaisons du salaire de mineurs (250 euros) et d'un homme politique endormi dont le salaire serait 10 fois plus élevé, 2 500 euros. Image diffusée sur Facebook)

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