Brève

"Genre" : les ministères censurent le mot (Mediapart)

La rédaction

06 février 2014 Maj: 06 février 2014

Et si on supprimait le mot pour mettre un terme à la polémique ?

Selon Mediapart, plusieurs ministères auraient décidé de bannir le terme de "genre", jugé trop polémique. Par exemple, la parution du livre de Hugues Demoulin, chargé de mission égalité garçons-filles dans l’académie de Rouen, est bloquée depuis septembre 2013 alors que le livre avait été validé par l’éditeur, le Centre national de ressources pédagogiques. Motif de ce blocage ? Le titre : Déjouer le genre – Pratiques éducatives au collège et au lycée. "Aux dernières nouvelles, son livre devrait paraître prochainement… sous un autre titre", précise Mediapart.

Même censure pour un rapport sur les stéréotypes de genres chez les enfants et les adolescents, commandé par Najat Vallaud-Belkacem au commissariat général à la stratégie et à l’action prospective. Interrogée par Mediapart, l'une des co-auteures, Vanessa Wisnia-Weill, assure que le terme de "genre" a été proscrit de l'étude : "Vu le climat explosif, on nous a fait comprendre que si on pouvait se passer de ce terme, ce serait mieux", a-t-elle expliqué. Résultat : "Le titre du rapport « Luttez contre les stéréotypes de genre » est donc devenu « Luttez contre les stéréotypes garçons-filles » et les occurrences du mot genre sont presque toutes supprimées", précise Mediapart.

Ces censures touchent également le ministère des droits des femmes : "Le mot « genre » a ainsi été effacé tant des circulaires que des campagnes de sensibilisation. Le programme ABCD de l’égalité, expérimenté dans certaines écoles et qui a cristallisé les inquiétudes de certains parents, n’y fait ainsi jamais référence".

De son côté, la chercheuse Sylvie Ayral, auteure d'un livre dont le sous-titre comporte le mot interdit ("Sanctions et genre au collège") a vu ses quatre conférences, prévues dans des collèges de Seine-Saint-Denis, annulées "compte tenu du climat". Une situation aberrante pour le sociologue Éric Fassin : "s’attaquer aux inégalités filles-garçons nécessite de s’attaquer aux mécanismes qui les fabriquent et pour cela il faut passer par le genre".

L'occasion de lire notre enquête : "Un genre de grand délire, retour sur quelques intox de ces derniers jours à propos de la théorie du genre"